samedi 30 juin 2012

Francis LUCILLE



Qu'est qui vous motive à enseigner?
Cela me plait. Et les gens viennent et posent des questions. Donc c'est une belle convergence. S'il n'y a pas de questions, il n'y a pas d'enseignant. Et si ça ne me plaisait pas je ne le ferais pas non plus. Donc ces deux choses sont deux prérequis pour créer un enseignant.
Quelle est votre définition de la non-dualité?
Il n'y a seulement qu'une réalité. La réalité de notre propre expérience humaine et la réalité de l'Univers et la réalité de tous les esprits est la même réalité. En d'autres mots, peu importe ce que c'est que nous sommes à la base, c'est cela que l'univers est à sa base. Nous avons une base commune avec l'Univers. Si vous trouvez votre base, vous trouvez la base de l'Univers.
Quelle est la cause de la souffrance?
Le Bouddha l'a dit, c'est l'ignorance…qui est la distinction entre le moi, le soi et le non-soi.
Qu'est-ce que la quête de Soi
C'est une investigation au sein de la nature de la conscience, de ce que j'appelle, la base de nos expériences, la réalité de nos expériences, la réalité de cela que nous sommes. Pour être plus précis, c'est une tentative utilisant tous les moyens à notre disposition pour trouver une réponse à la question "quelle est la preuve, s'il y en a une, que cette conscience qui entend ces mots en ce moment même est limitée, personnelle, séparée plutôt qu'universelle, divine, infinie, éternelle?". Qu'elle est la preuve? A la fin de ce processus, ça deviendra clair, si nous sommes consciencieux et si nous sommes intéressés, qu'il n'existe pas de telle preuve. Cette étape est importante parce que tant que cette conviction n'a pas été établie, il n'y a pas de possibilité pour nous d'avoir accès à notre véritable être. Cette croyance en un soi séparé nous empêche de découvrir ce que nous sommes réellement. La découverte de ce que nous sommes réellement est une révélation, cela s'auto révèle. Il n'y a rien à faire pour que cette révélation se produise, mais nous pouvons la rendre possible à travers l'investigation. Cette investigation est un processus de discrimination entre le soi et le non-soi qui, dans un sens, prépare déjà l'esprit et le corps à recevoir le cadeau de la grâce.
Il y a-t-il une différence entre la conscience (awareness) et la conscience (consciousness)?
Non, non et en fait dans ma langue natale, en français nous avons seulement un mot. Je suppose que s'il y avait une différence substantielle, nous aurions aussi deux mots. Je ne sais pas quelle différence, vous faites, vous en anglais, mais pour nous c'est la même chose et pour les deux, dans mon cas, je veux dire simplement cela, cela, peu importe ce que c'est qui entends ces mots en ce moment même. Peu importe ce que c'est. Vous savez John Locke, le philosophe définissait la substance comme ce quelque chose que nous ne savons pas ce que c'est. Je pense que cette définition s'applique assez bien à la conscience aussi. Quelque chose que nous ne savons pas ce que c'est. L'esprit, l'esprit, est …est…est un grand introuvable, introuvé. Tout le monde en parle, personne ne la jamais trouvé. Donc l'esprit est prétendument, d'une certaine façon le contenant personnel des pensées, des perceptions, des sensations mais en fait nous n'avons pas accès au contenant. Tout ce à quoi nous avons accès, les pensées, les perceptions et les sensations apparaissent dans la conscience. Elles apparaissent là, de toute évidence, elles n'ont nulle part où aller et elles partent et ne vont nulle part. Par conséquent elles étaient simplement des superpositions, des surimpressions sur leur réalité qui est la conscience juste comme des vagues dans l'océan. Elles ne quittent pas l'océan, elles ne vont nulle part quand elles disparaissent, elles étaient simplement superposées sur l'eau qui est leur propre substance. Donc similairement, les perceptions mise en œuvre si vous vous voulez, les pensées n'ont pas de réalité en elles-mêmes. Elles dérivent leur réalité de leur substance. En latin, ça veut dire "ce qui se tient sous". De ce qui se tient sous. La conscience qui se tient sous elles ou qui les perçoit ou qui les connait.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui est en recherche du Soi?
De continuer de chercher. Il y a en fait deux sadhanas, il y a une une sadhana "pré-illumination" ou "pré-éveil" et une sadhana "post-éveil". La sadhana "pré-éveil" est conduite à partir du point de vue qu'il y a un chercheur de vérité, qu'il y a une entité personnelle, aussi longtemps que nous croyons être une entité personnelle, un faiseur personnel; nous devons chercher. On ne peut pas simultanément prétendre d'un côté croire que nous sommes une personne, une personne séparée et d'un autre côté, simultanément utiliser l'argument dérivé de la non-dualité comme quoi il n'y a pas de faiseur personnel, comme excuse pour ne rien faire, parce que nous sommes alors inconsistants. Soit c'est notre expérience qu'il n'y a pas de faiseur personnel et dans ce cas il n'y a rien à faire ou ce n'est pas notre expérience et alors nous ne pouvons pas utiliser ça comme argument pour ne rien faire. Si nous croyons être un faiseur, il y a quelque chose à faire qui est de trouver qui est le faiseur. Maintenant il y a une seconde sadhana qui est une sadhana post-éveil. C'est une sadhana où il n'y a pas de faiseur. Il n'y a jamais eu de faiseur de toute façon. Mais cette sadhana est une coopération des instruments corps et esprit qui maintenant deviennent des outils dans les mains de l'Ultime qui les libère des résidus de l'ignorance. L'éveil est la révélation de notre véritable nature mais dans la plupart des cas en tant que résultat de cette révélation, bien que l'ignorance soit virtuellement détruite. Dans la tradition indienne, ils utilisent l'image d'un serpent quittant sa peau et la peau qui reste a encore la forme du serpent mais bien sûr n'a pas la dangerosité du serpent et similairement, il y a des résidus de l'ignorance même après l'éveil qui peut simuler pour un temps une entité personnelle résiduelle mais cette sadhana post-éveil pourrait être comparée à la dispersion finale des résidus de la peau du serpent par le vent. A cette fin, des techniques apparentes peuvent être utilisées, mais elles sont utilisées dans un esprit très différent parce qu'il n'y a pas de faiseur, il n'y a pas de praticien de ces pratiques spirituelles. Elles sont plus comme des expériences qui sont menées.
Est-ce qu'un enseignant vivant ou gourou est nécessaire?
Dans la plupart des cas, oui. Une autre réponse est : théoriquement non. Pratiquement parlant oui. Cela est particulièrement vrai si cette question est suscitée par un enseignant car de toute évidence si la question est suscitée par un enseignant, tout comme la marche est démontrée par le fait de marcher. L'enseignement est démontré par le fait de demander et répondre. Donc oui, dans la plupart des cas, oui. Et par rapport à mon expérience personnelle, oui. Et l'élément le plus important en fait, n'est pas ce qui est dit. Mon maître avait l'habitude de dire: vous savez, parler entre nous est juste un prétexte pour être ensemble, pour jouir du fait d'être ensemble entre nous, pour réaliser, pour jouir du parfum de la Présence.
Il y a-t-il une telle chose que l'illumination? Si c'est le cas, qu'est-ce?
C'est une profonde transformation initiée au cœur même du corps-esprit par un acte de grâce, qui signifie un aperçu de la Présence. C'est une réponse à une question et à un désir profond pour cette expérience. Un désir qui est si puissant qu'il est plus fort que notre peur de disparition absolue. C'est la victoire de la lumière sur l'obscurité. En tant que résultat de cette initiation, graduellement l'esprit et le corps sont réalignés avec la vérité qui a été révélée. Ils deviennent les serviteurs de l'Absolu. L'Absolu les utilise comme il lui plait.
Il y a-t-il une différence entre l'illumination et la réalisation de soi?
Et bien, ce qui est important, l'utilisation des mots dans ce domaine est mal défini. Je n'essaye pas d'être cohérent, conséquent avec tout ce que tout le monde a dit sur ce sujet. Mon but est plus modeste: c'est d'être cohérent avec ce que je dis à un moment et au moment suivant ou d'essayer de faire ainsi. Et il en résulte que je dois définir des mots, avec lesquels dans un sens, certains et même moi-même ne seraient pas forcément d'accord. Donc juste comme je définis la conscience comme étant cela, peu importe ce que c'est, qui entends ces mots en ce moment même, l'illumination ou l'éveil serait un aperçu de la conscience se voyant elle-même dans son indépendance totale, en l'absence de tout objet, se voyant elle-même dans sa nudité, pour ainsi dire. Et comme résultat du fait de se voir dans sa nudité, il y a l'expérience de sa réalité, de sa totale indépendance, de son unité, de son éternité, de sa splendeur, de l'amour…qu'elle est, de l'intelligence qu'elle est. Cela serait l'illumination. Mais alors que les objets du monde reviennent, il peut y avoir des résidus d'ignorance qui sont attachés à ces objets, aux sens de perception, aux systèmes de croyance. Mais la vérité qui a été vue durant ce moment d'éveil ne peut jamais être oubliée, le Rubicon a été traversé. Le fleuve Rubicon a été franchi et à partir de ce moment tout va dans la direction d'être établi dans la paix de la Présence, à la fois dans l'absence des objets et aussi dans la présence d'objets. Donc l'étape finale avec alors ce que je pourrais appeler la réalisation de soi juste dans le but d'avoir deux mots différents. En Inde ils ont de beaux mots, le 1er est appelé Nirvikalpa Samadhi qui signifie l'état sans objets et le second est appelé Sahaja Samadhi qui signifie l'état naturel. Il implique que c'est le seul état stable, que l'ignorance est un état instable. L'ignorance est un état qui attend de disparaître, qui attend de mourir, alors que notre état naturel, le Sahaja Samadhi, l'état Sahaja est notre état par défaut, notre état permanent dans laquelle la conscience est conscience d'elle-même, à la fois dans la présence et l'absence d'objets. Le monde, le corps et l'esprit sont vus simultanément avec la fragrance de la présence. Donc c'est comme vivre dans deux univers simultanément, un qui est sans temps, éternel, réel, absolument tranquille et l'autre qui est le monde habituel. De la même façon que quand vous regardez un film dans votre canapé, vous vivez simultanément le confort de votre canapé et l'agonie du thriller qui passe à l'écran.
Quelle est la vérité du monde?
C'est exactement la description de l'expérience de Nirvikalpa Samadhi, le monde signifiant tous les objets, et c'est le monde du corps-esprit. Pas de pensées, pas de sens de perception et pas de feeling de sensations corporelles. Maintenant, souvent, les yogis qui essayent d'atteindre cet état à travers l'effort, à travers une pratique se retrouvent dans un état de vide, un état de vide ou de néant qui est encore un objet car l'absence d'objet est encore un objet, et ils restent collés là. Nous détectons que vous êtes dans un tel état par deux facteurs. Numéro 1: c'est un état qui dure, il a une durée et s'il y a durée, il implique qu'il y a objectivité. Numéro 2: il n'y a pas de fragrance, pas de parfum attaché à cet état, pas de jus si vous voulez, pas de bonheur. Il devient ennuyeux après un moment. Au début il peut être ressenti comme relaxant mais ensuite il devient juste ennuyeux et nous voulons continuer, aller plus loin. Donc souvent les yogis qui ne sont pas supervisés correctement par un instructeur qui est établi dans l'état naturel, resteront collés là dans situation déroutante, dans cette…comment vous dire…comme à la porte du Paradis, attendant Saint-Pierre, mais l'attendant longtemps.
Il y a-t-il une chose que vous pouvez dire avec certitude sur la vérité?
Il y a plusieurs choses, en fait. La vérité EST. C'est la 1ère. La 2ème, la vérité est conscience. Et ce qui est, comme dit la Bhagavad-Gītā, ne cesse jamais d'être.
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jeudi 28 juin 2012


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Qu’est-ce que l’illumination?

Amis et famille ont longtemps insisté pour que j'écrive et parle de mon expérience et de ma compréhension de ce sujet. J'ai hésité, non pas parce que l'illumination est si difficile à décrire, mais parce qu'elle a tendance à vous rendre paresseux.

Avant le changement, j'étais très actif, j'écrivais, je lisais, je jouais de la musique, faisais du sport, bref j'étais toujours en mouvement. Mais après le « changement » comme je l'appelle, il y avait la claire vision que toute cette activité était stupide et qu'elle exigeait un effort incroyable.

Mais avant de poursuivre, laissez moi poser le fait fondamental : je suis éveillé. Je me suis éveillé il y a un an environ. Je sais ce que je suis, ce que j'ai toujours été et ce qu'il est impossible de cesser d'être. Certains appellent cela illumination, ou vérité ultime, conscience de l'unité, esprit infini etc. Mais tous ces noms ne disent pas au non éveillé, ce que c'est. Même moi, je l'appelle « le changement », ce n'est pas vraiment exact, car rien n'a vraiment changé, mais paradoxalement, un énorme changement a pris place. 

En termes simples, j'étais auparavant Steve qui vivait sa vie, mais maintenant je suis l'expérience de Steve qui vit sa vie. C'est un changement de perspective. Avant ce changement de perspective, j'avais pratiqué, pendant environ trois ans, une méditation d'intensité moyenne qui consistait à regarder la respiration, répéter quelque peu un mantra et aussi questionner le soi à la manière de Ramana Maharshi. Parallèlement à ces techniques, il y avait un intense désir de trouver et de connaître la vérité. J'ai lu tout ce que je pouvais trouver sur l'illumination.

Après environ trois ans, j'ai eu ma première expérience de « non-dualité » comme on l'appelle. Je venais de lire un passage de Ken Wilber « Le spectre de la conscience » où il indique que la conscience ordinaire est la conscience ultime. Cela m'a vraiment touché, j'ai posé le livre et regardé un papier qui se trouvait sur la table, en face de moi, après environ une minute ou deux, il s'est passé une chose passionnante et effrayante : j'avais disparu !

Ce que j'entends par là c'est que la partie médiane était tombée : Normalement, il y avait ici Steve qui regarde le papier sur le bureau là-bas, maintenant il n'y avait que l'expérience « papier», mais pas de Steve ici pour le regarder. Il était clair que la partie médiane qui normalement sépare le papier de Steve n'existait pas réellement, il n'y avait que l'expérience, « papier ».

Maintenant je vais essayer de rendre cela plus évident par une illustration. Imaginez aussi clairement que possible, que vous pénétriez dans une grande maison dans laquelle vous n'avez jamais été. Vous vous sentez bizarre et un peu effrayé, il y a des meubles, des tentures, mais personne à l'intérieur. Vous visitez partout, et une sensation insidieuse de peur d'être seul dans cette grande maison vous envahit. Vous allez de pièces en pièces sans savoir ce que vous allez trouver. Vous commencez à vous sentir de plus en plus nerveux et effrayé d'être ainsi seul dans cette maison. Vous vous demandez depuis combien de temps elle est vide.

A force, la sensation d'espace et de vide commence à peser lourdement sur vos nerfs. Finalement, au moment où vous ne pouvez plus le supporter, vous avez la réalisation choquante que vous n'êtes pas là non plus ! Seule l'expérience « maison » existe. C'est le ressenti de la non-dualité, c'est la véritable réalité de l'existence. Rappelez vous la question : « Quel est le son d'une main qui applaudit ?» Maintenant, vous connaissez la réponse.

Vous voyez, avec l'illumination vient la connaissance que même s'il y a beaucoup d'activité dans le monde, il n'y a personne qui fasse quoi que ce soit. L'univers, en un sens, est sans vie. Il n'y a personne, seulement des événements et l'expérience de ces événements. L'illumination révèle que l'univers émerge spontanément. Son émergence et son modèle sont parfaits pour les mathématiques, la symétrie, et ne comportent aucun hasard. Rien n'est fortuit, tout ce qui arrive se passe exactement comme il se doit. Il n'y a pas de hasard, ou d'évolution basée sur le hasard.

L'univers est parfait, rien n'est une erreur ou ne peut l'être.

Il semble qu'il existe un hasard ou de l'imprévisibilité du point de vue humain, mais c'est seulement parce que notre référence temps ne nous permet pas de voir l'univers émerger en quelques minutes. Si nous pouvions le voir, nous verrions alors clairement comment chaque événement a été non seulement parfait et nécessaire, mais qu'il était aussi prévisible.

Résumons-nous donc : l'univers est parfait, personne n'existe, pourtant l'expérience « univers » persiste. 
Comment est-ce possible ?

La Conscience.

La conscience est consciente.

Si elle ne l'était pas, il n'y aurait pas d'univers. La nature même de l'existence implique la conscience. L'un ne peut pas exister sans l'autre. Il ne peut pas y avoir d'univers sans conscience. Il n'existe pas d'univers ou de dimensions là, où il n'y a pas de conscience. La matière et la forme ne pourraient pas apparaître sans conscience. L'Univers/Conscience, l'Esprit/Matière, la Vague/Particule, appelez cela comme vous voulez, la réalité est que la manifestation, l'apparence que nous appelons l'univers, est Conscience.

Maintenant, ne vous y trompez pas, il n'y a pas d'observateur.

Il n'y a personne qui expérimente l'univers. Qui plus est, il n'y a pas de Personnage Ultime, de Dieu, d'Esprit ou autre, qui observe l'univers. Il n'y a que l'expérience de l'univers sans personne pour l'expérimenter. Cela semble un paradoxe, mais qu'importe, c'est ce qui est. L'expérience « est », c'est tout, c'est ainsi qu'est l'univers, une expérience pour personne.L'univers émerge de la conscience spontanément, tout en étant lui-même conscience.

Nous devons lâcher l'idée de la matière qui est observée par quelque chose que nous appelons la conscience, ce n'est pas exact. Certains enseignants parlent du témoin, le mental passif, qui observe toutes les choses, instant après instant. Cela implique un certain degré de séparation, un témoin ici qui regarde l'univers là-bas. Ce n'est pas ainsi, il n'y a que l'expérience, que l'univers.

Il n'y a pas d'observateur.

Même s'il n'y avait pas de manifestation, le sentiment serait le même. Une fois de plus permettez-moi d'insister sur ce point : la conscience n'est pas consciente « de » l'univers, la conscience est consciente «en tant que» l'univers.

Maintenant, comprenez bien cette dernière phrase. Ne pensez pas: « Oui Steve, je comprends, la conscience n'est pas consciente de l'univers à partir d'un point de vue séparé, comme une âme désincarnée par exemple, la conscience est consciente de l'univers comme l'un des milliards d'êtres qui le composent,  l'homme, le chien, ou le poisson.» Non ! Ces pensées sont fausses.

Quand je dis la conscience est consciente «en tant que» l'univers,  je veux dire l'acte même d'exister est conscience. Une carotte est elle-même conscience. Il n'y a pas de carotte consciente d'elle-même en tant que carotte, ni de conscience désincarnée et invisible consciente de la carotte en tant que carotte, il y a seulement l'expérience « carotte » et c'est la conscience et c'est l'illumination.

Il n'y a pas d'observateur.

Voyons maintenant comment cela se passe pour la vie humaine. Toutes les personnes, qui ne savent pas ce qui se passe réellement, croient être les gens qu'ils sont : des individus avec des pensées et des désirs, des espoirs et des rêves, un corps et une maison, une femme et un enfant. La liste continue, mais vous avez l'idée.

La vérité est que même si tout ce qui a été dit plus haut a bien lieu, c'est une apparence automatique de l'Univers/Conscience, selon un modèle strict dépourvu de hasard. Plus important encore, personne ne fait quoi que ce soit,  il n'y a que l'Univers/Conscience. Pour le dire encore plus clairement : des choses se passent, mais personne ne les fait. Des apparences se produisent et la conscience est consciente.

La personne non éveillée, qui ne sait pas ce qui se passe, croit qu'elle agit, que l'humain « en elle » existe. La réalité est que le corps existe, les pensées existent, les souvenirs existent, c'est la conscience et c'est tout. Quelqu'un pourrait dire que la conscience a provisoirement pris son expérience du corps et les souvenirs du corps, pour une personne, mais même si cette réponse semble expliquer le pourquoi, il n'y a vraiment aucune erreur.

L'Univers/Conscience ne s'est jamais trompé.

La personne peut tomber à tout moment, retrouvant l'état originel de la matière et de la conscience, qui n'a jamais été réellement caché. C'est ce qui m'est arrivé, mais lors de cet événement rien n'a été perdu, car il n'y a jamais eu de moi à perdre, seulement une confusion à corriger, qui n'a jamais existé.

Connaître cela, je veux dire vraiment connaître cela, pas intellectuellement, mais par une expérience directe de la vie quotidienne, c'est ce qu'est l'illumination. Une fois connue, il est impossible de revenir en arrière. Une fois que vous avez ouvert le rideau et vu qui est vraiment Oz, vous ne pouvez plus le fermer et prétendre ne pas connaître la vérité.Alors, comment faisons-nous une fois que nous savons ? Nous laissons l'expérience se manifester, sans intervenir.

Il a été dit : « L'univers est parfait, n'intervenez qu'à vos risques et périls ».

La personne éveillée n'agit jamais. C'est la résolution de l'énigme du karma : il n'y en a pas, il n'y en a jamais eu et il ne pourra jamais y en avoir. Il n'y a pas de réincarnation, comment serait-ce possible ? Qui se réincarnerait ? Il n'y a personne, pas de naissance ni de mort, il n'y a rien, si ce n'est la Manifestation/Conscience. 99,999% des livres et des enseignants spirituels ont complètement tort, et ce, pour la simple raison qu'ils ne sont pas réalisés, ils ne savent pas ce qui se passe.  Ainsi, afin de maintenir l'illusion de la personnalité, de l'idée qu'il y a quelque chose ou quelqu'un, ils inventent des histoires, des théories ou des idées, portent des vêtements spéciaux, font des rituels etc. Ils enseignent ce genre de choses, mais la vérité est si simple, cela en est risible.

Maintenant, permettez-moi de faire une claire distinction sur un point : l'expérience mystique n'est pas l'illumination. Vous pouvez avoir une expérience mystique, voir Dieu, être enlevé par des extra-terrestres, recevoir des messages d'un ange, communiquer avec vos guides spirituels, la liste pourrait s'allonger... mais, peu importe ce qui se passe, la vérité est toujours que chaque expérience, mystique ou ordinaire, est un événement de l'Univers/Conscience. Si je pouvais enseigner au monde une leçon, ce serait ceci : Peu importe ce que vous expérimentez, rappelez-vous toujours : « Il n'y a personne qui expérimente, personne qui observe ».

Si vous faites cela souvent et suffisamment longtemps, vous saurez un jour ce qui se passe. Quand ce jour viendra, vous vous rendrez compte que rien n'a changé, et pourtant tout est différent. C'est une sensation et une connaissance, la chute inévitable de ce qui n'est pas vrai. Si vous pensez connaître cela, ce n'est pas le cas. Lorsque vous le connaissez, c'est très clair et personne ne peut vous l'enlever.

Quelques points à éclaircir. Lorsque je disais que la personne éveillée n'agit jamais, je ne voulais pas dire que de telles personnes restent assises dans une grotte et meurent de faim... Le corps peut être très actif et manifester toutes sortes de comportements, bons ou mauvais, le mental peut être débordant de pensées et d'émotions, mais la conscience, maintenant éveillée, sait que personne n'agit. Ce n'est que l'univers qui s'épanouit spontanément et parfaitement. En tant que conscience, vous percevez davantage les sensations du corps, au niveau physique et émotionnel. Ce n'est pas un ressenti, mais vous en êtes plus conscient, car il n'y a pas de division entre celles-ci et la conscience. L'univers et la conscience sont identiques, n'oubliez pas l'équation : U = C.

De plus, ce que nous appelons la personnalité ou l'ego ne disparaît pas totalement. Il peut rester intact avec le corps. Il se comporte et change au fil du temps comme pour toute autre personne, mais l'éveillé sait qu'il n'est pas cet ego. Certaines écoles mettent l'accent sur la destruction de l'ego comme le seul moyen vers la libération. Tout ce qui est vraiment nécessaire, c'est la réalisation que vous n'êtes pas cet ego, que l'ego n'existe pas vraiment, que c'est une illusion ... Il n'est pas vraiment là, mais il semble l'être... Si l'ego commence à s'estomper c'est ok. Rappelez-vous, il n'y a personne qui  expérimente.

Permettez-moi de parler brièvement de la pratique. La méditation et l'étude des livres sont utiles et peuvent aider un individu à mûrir vers l'éveil, mais la chose la plus importante est le changement de  perspective.  Vous devez apprendre à voir ce qui se passe réellement, comprendre que chacun est éveillé en réalité, mais que tout le monde ne sait pas comment le percevoir. La raison en est, que l'illumination est si naturelle, si évidente, et que nous nous sommes habitués, depuis la naissance, à l'ignorer en préférant toutes les autres choses qui se manifestent.

La méditation peut vous aider à calmer le mental et à être plus concentré, mais elle ne vous donnera pas l'illumination. Un changement radical de perspective doit se produire, le point de concentration habituel de votre conscience et votre façon de percevoir doivent changer. Ce n'est pas l'étude des livres qui vous y amènera, vous avez besoin d'un choc.

Le moyen le plus facile que je connaisse, c'est qu'une personne éveillée vous persuade de ce changement de perspective. Les meilleurs livres que j'ai lus étaient ceux qui m'ont convaincu de l'illumination. Les expériences de ressenti, telles que le scénario de la maison ci-dessus, sont utiles pour aider à évoquer le ressenti lors de l'illumination. Essayez de ressentir ce que c'est que de ne pas être là. La véritable percée se fera lorsque vous « sentirez » que c'est vraiment ce qui a lieu.

C'est effrayant, ce n'est ni le bonheur, ni l'extase. Cela doit vous effrayer, le corps doit réagir de manière défensive, ou il peut y avoir un rire incontrôlé devant le ridicule, combien vous avez été stupide et depuis si longtemps...

C'est comme une de ces images en 3D, vous regardez et regardez ces points jusqu'à ce que bingo, l'image se dégage ! Après cela, vous pouvez toujours la voir, vous ne pouvez pas la désapprendre. C'est la même chose avec l'illumination. Toutes les pratiques qui peuvent vous choquer et vous amener à voir ce qui se passe réellement sont bonnes. Mais comprenez : vous voulez vraiment savoir ce qui se passe, le ressentir, avoir un contact avec la réalité.

Ce ne devrait pas prendre longtemps, quelques années tout au plus, moins pour certains. Si une pratique ou un enseignant vous dit que cela prendra 10 ou 20 ans, cherchez une nouvelle pratique ou un nouvel enseignant.....
Steven Norquist 

mercredi 27 juin 2012


Ce moment est hors du temps. Alors vous avez la connaissance de la non-existence du temps.
Le temps n’est qu’ignorance. Des millions et des milliards d’années ne sont qu’un instant.


L’intemporel est votre état naturel. Lorsque vous en sortez, vous êtes instantanément dévoré par le passé, le présent et le futur. Cela conduit à tous les problèmes, aux nombreux mondes, et ce n’est que ruse du mental. C’est le mental qui fabrique le temps.

Tous les corps vieillissent parce que le corps n’est pas la conscience. Le corps, ce sont des éléments qui coopèrent. Quand un homme meurt, les éléments font retour, et même alors, vous ne perdez rien. Les éléments ne sont pas détruits ; ils retournent simplement à la terre comme le souffle de la respiration retourne à l’air. On ne devrait donc pas avoir de chagrin pour la perte d’un corps. Seule la peur de la mort est perdue.

L’illumination se produit en un claquement de doigts. Ici-maintenant ! Rarissime. Plus proche que votre propre souffle. Pourquoi la remettre à une autre centaine d’années plus tard ? Si une chose est plus proche que toutes les autres, plus proche que votre propre souffle, où devez-vous aller, qu’avez-vous à faire pour la trouver ?
Pas besoin d’effort. Rien à faire. Ce qui est déjà là, très proche, c’est ceci l’honorer. Si vous l’avez, vous ne pouvez jamais le perdre. Comment pouvez-vous perdre ce qui n’a pas de localisation, ce qui est plus proche que le souffle ?
Qui voyage pour la liberté ? Celui qui est déjà libre. Débarrassez-vous simplement du concept « Je suis le corps séparé de la source ». Vous retournerez à ce que vous avez toujours été. Ce voyage vous ramènera chez vous. Il ne vous poussera dans aucune sorte de dimension nouvelle. Vous ne pouvez devenir ou arriver à ce que vous n’êtes pas. Soyez ce que vous êtes déjà.
Quand vous vous éveillez du rêve, rien d’autre n’a existé ! Là où il y a des noms et des formes, il y a encore un rêve. S’il y a nom et formes, il y a tromperie et non la réalité. Dans l’éveil, il n’y a pas de différence entre les hommes les oiseaux, les rochers. Tout est l’Être Absolu.

Le temps est le mental. La peur est le temps. Chaque fois qu’une peur existe, le temps existe. Ce dont nous parlons n’est ni le temps, ni le mental, ni la peur. La peur n’existe que dans la dualité. Quand il y a deux, il y a la peur. Lorsque vous êtes vous-même, il n’existe pas de peur et vous êtes Seul. Rien ne peut vous atteindre. Le temps ne vous touche pas, le mental ne vous touche pas, la peur ne vous touche pas. Vous êtes au-delà de tout ce qui est conceptuel. La véritable compréhension enlève la peur. La sagesse de l’unité enlève la dualité. La dualité n’est que rêvée. Quand vous vous éveillez rien d’autre n’existe. Cela, c’est la liberté totale. Cet instant de temps est au-delà du concept du temps. C’est pourquoi les questions s’évanouissent. C’est chez vous, c’est votre demeure ultime, rien n’y apparaît. Rien ne peut l’atteindre.
Ceci est la connaissance de l’inconnu, lequel est vide. Ici, il n’y a rien. Pas de vouloir, pas de besoins, pas de désirs. C’est la paix. C’est votre propre Soi.
Vous n’avez pas à l’atteindre à l’accomplir, ou à l’obtenir par quelque méthode décrite par un homme, un dieu, ou un créateur quelconque. Nul besoin d’effort pour y parvenir. Rien n’est plus facile de connaître qui vous êtes. Vous n’avez pas à voyager pour trouver la liberté. Vous êtes déjà libre.

Votre nature elle-même est la liberté. Vous ne rechercheriez pas la liberté si ce n’était pas votre nature. Vous ne chercheriez pas. Tout le monde veut retourner chez soi. Tout le monde veut retourner à sa propre nature. La liberté est votre nature. Tout ce que vous vous êtes imposé pour être malheureux, pour être lié, est un concept. C’est un concept imaginaire, donc débarrassez-vous-en. Alors vous ne pouvez pas dire : « Je suis en train de faire quelque chose. »
Supposons que votre imagination soit si forte que vous croyiez voir un fantôme dans une pièce. Puis quelqu’un vient pour faire partir le fantôme. Cette personne dit que le fantôme est supprimé. Il n’y avait ni fantôme, ni suppression. Ainsi est le retour à votre état naturel.

Dans Je suis il n’y a pas d’expérience. Vous avez seulement à abandonner les expériences dans lesquelles Je suis n’est pas. « Je suis untel », voici l’expérience. Pour avoir une expérience, Je suis doit devenir quelqu’un. Je suis est existence. Je suis est conscience. Restez-en une fois pour toute au Je suis et dites-moi quelle expérience vous obtiendrez.
Et ce Je suis contient tout le cosmos. Il n’y a donc rien à atteindre ou à faire. Restez- en simplement au Je suis est voyez quelle est l’expérience. Je suis est éternel. La mort ne peut entrer ici. Ici est Je suis, dans les états de veille, de sommeil profond et de rêve. Rien à perdre ou à gagner.
Pour devenir quelque chose, pour espérer quelque chose, vous devez agir. Pour rester Je suis vous n’avez rien à faire. Sa plénitude est vacuité. Je suis est l’océan et les vagues sont le cosmos, l’univers et tout les événements ; et vous pouvez y prendre plaisir. C’est ce que l’on appelle le jeu divin, la lîlâ.

Restez comme vous êtes. Pas besoin d’effort. Vous devez aller quelque part pour devenir quelque chose d’autre. Quand vous avez la connaissance qu’il est stupide de devenir quelque chose, c’est l’éveil. Pour cela, vous n’avez absolument pas besoin d’effort. S’il y a éveil, c’est en cet instant seulement et non pas suite à dix années de pratique. Ce qui est disponible maintenant est identique à ce qui sera disponible après quarante années.

Lorsque vous vous réveillez et parlez, et qu’ensuite vous dormez à nouveau, cette conscience du sommeil était-elle là ou non ? Vous dites : « J’ai très bien dormi, sans être dérangé ». N’y a-t-il pas conscience pendant le sommeil du corps ? Qui en jouit ? Il n’y a pas de différence entre la conscience de l’état de veille et la conscience du sommeil.
Les états passent devant vous comme les images d’projetées passent sur l’écran. L’écran est inactif et ne change pas. Lorsqu’il y a mouvement, il doit y avoir quelque chose qui ne bouge pas. Identifiez-vous à l’écran même.
Vous êtes l’écran, ou le substrat sur lequel ces états apparaissent. Et cela est invisible. Quand vous voyez quelque chose, l’écran n’est pas vu ; quand vous voyez l’écran, rien n’est vu. Quand l’écran est vu, les images ne sont pas vues. 
 http://milajesuis.blogspot.fr

dimanche 24 juin 2012

À travers le “live” nous prenons appui sur ce que vos yeux voient, sur l’évidence et le concret. Lorsque nous ne le faisons pas, c’est vers le mental et nos pensées que nous nous tournons.
Ce contact, cette communion, au réel qui nous entoure, visent à la détente, à l’adhésion confiante. Ça n’a rien à voir avec une sorte d’exercice de focalisation. En posant notre regard sur ce qui l’emplit, c’est un abandon, un repos complet que nous permettons, pareil à celui que nous vivons à travers le sentiment d’amour ou dans l’étreinte du giron.
Aujourd’hui, notre tendance est de penser ce que nous voyons et de voir ce que nous pensons. In fine, nous ne faisons qu’observer notre propre intellect sans le reconnaître. À la réalité du moment, nous superposons une nouvelle projection. Ainsi, nous inventons “notre monde”…http://denismarie.net

samedi 23 juin 2012

La Ribhu Gita

 consciencesansobjet.blogspot.f


La Ribhu Gita, littéralement "Chant de Ribhu", est la sixième partie du Shiva Rahasya, un texte mystique légendaire d'Inde. La totalité de la Ribhu Gita est sensée représenter l'enseignement donné au Sage Ribhu par Dieu lui-même, sous la forme de Lord Shiva, l'aspect sans forme de la divine activité, en laquelle tous les êtres et choses sont déjà éternellement absorbés.




Chap. 26, demeurez en cela même :

1. Je vais t'exposer maintenant la méthode pour demeurer dans la Réalité indifférenciée qui inclut tout. Cet enseignement est secret et difficile à comprendre même avec l'aide de nombreuses Saintes Ecritures. Même les êtres célestes et les praticiens de disciplines spirituelles qui l'ont tenue pour chère l'ont acquise avec difficulté. Suis ce que je dis, et en plongeant dans la Réalité, sois heureux.

2. Mon fils ! Les sages réalisés disent que l'inhérence absolue dans la Réalité signifie devenir un avec l'immuable, tranquille, non-duel Être suprême absolu qui est Être-Conscience-Béatitude, et le Soi de tous, et faire du mental baladeur un avec Cela, comme l'union proverbiale du lait et de l'eau, absolument libre de tous les concepts.

3. Quand on scrute la variété de la manifestation, on réalise qu'elle n'existe pas réellement et que tout est l'indifférencié Être Suprême Absolu qui n'est pas différent du Soi et de soi-même. Faites en sorte que cette connaissance devienne ferme par une pratique constante.
Alors détournant ton regard de tout, devient un avec la Réalité Suprême Absolue - et demeurant en Cela, sois heureux.

4. Demeure en tant que Cela qui ne montre, après être scrutée, aucune dualité dans la forme de ces objets variés ou dans la moindre trace de cause et d'effet, Cela en quoi, quand le mental est absorbé en Cela, il n'y a aucune peur de la dualité, du tout - et sois toujours heureux, inébranlable et libère la peur montant de la dualité.

5. Demeure en tant que Cela en quoi il n'y a ni pensées, ni imaginations, ni paix ou self-contrôle, ni mental ou intellect, ni confusion ou certitude, ni être ou non-être, et aucune perception de dualité - et sois toujours heureux, inébranlable et absolument libre de la peur qui monte de la dualité.

6. Demeure en tant que Cela en quoi il n'y a aucun défaut ni aucune qualité, ni plaisir ou douleur, ni pensée ou silence, ni misère, ni austérités pratiquées afin de se libérer de la misère, ni idée "je-suis-ce-corps", ni objet ou n'importe quelle perception - et sois toujours heureux, libre de toutes les traces de la pensée.

7. Demeure en tant que Cela en quoi il n'y a aucun effort, ni physique, ni mental, ou verbal, ou de n'importe quelle sorte, ni péché ou vertu, ni attachement avec ses conséquences - et sois toujours heureux, libre de toutes les traces de la pensée.

8. Demeure en tant que Cela où il n'y a ni pensées ni penseur, ni création, préservation ou dissolution du monde, rien à aucun moment - et sois heureux, libre des traces de la pensée.

9. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a aucun pouvoir d'illusion limitant le Soi, ainsi que ses effets, ni connaissance ou ignorance, ni âme séparée ou Seigneur de la Création, ni être ni non-être, ni monde ni Dieu - et sois heureux, libre de toutes les traces de la pensée.

10. Demeure en tant que Cela en quoi il n'y a pas de dieux et leur adoration, ni aucun des trois aspects divins du Créateur, Préservateur et Destructeur, ou méditation sur eux, ni Dieu sans forme Suprême, ni méditation sur Lui - et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.

11. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y aucun esclavage mûrissant vers des bonnes oeuvres, ni recherche de dévotion au Divin, ni sagesse consciente, ni fruit de l'action à savourer, ni état suprême séparé de lui, ni moyens d'obtention, ni objets à atteindre - et sois heureux toujours, libre de toute trace de pensée.

12. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a ni corps, ni sens, ni forces vitales, ni mental, ou intellect ou imagination, ni ego ni ignorance, ni personne qui s'y identifie, ni macrocosme ou microcosme - et sois heureux toujours, libre de toutes les traces de pensée.

13. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a ni désir ni colère, ni cupidité ni illusion, ni mauvaise volonté ou orgueil, ni impuretés de l'esprit, ni les fausses notions d'esclavage et de libération - et sois heureux, libre de toutes les traces de pensée.

14. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a ni commencement ni fin, ni sommet, ou bas, ou milieu, ni lieu sacré ou dieu, ni offrandes ou actes pieux, ni espace ou temps, ni objets de perception - et sois heureux toujours, libre de toute trace de pensée.

15. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a aucune discrimination entre le réel et l'irréel, aucune absence de désir, aucune possession de vertus, aucun espoir de libération, aucun maître compétent ou disciple, aucune connaissance établie, aucun état réalisé, aucune libération de son vivant ou après la mort, rien de tel à aucun moment - et sois heureux toujours, libre de toute trace de pensée.

16. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a pas de Saintes Ecritures, ou de livres sacrés, personne qui pense, aucune objection ou réponse, aucune théorie à établir ou rejeter, rien d'autre que un Soi - et sois toujours heureux, libre de la moindre trace de pensée.

17. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a aucun débat, succès ou échec, aucun mot et son sens, aucun discours, aucune différence entre l'âme et l'Être suprême, aucune des multiples causes et conséquences - et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.

18. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a aucun besoin d'écouter, réfléchir ou pratiquer, aucune méditation à pratiquer, aucune différence d'égalité, inégalité, ou contradictions internes, ni mots et leurs significations - et sois heureux toujours, libre de la moindre trace de pensée.

19. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a aucune peur de l'enfer, ni joies célestes, ni mondes du Dieu Créateur ou d'autres dieux, et rien qui puissent être obtenu d'eux, ni autre monde ou univers de n'importe quelle sorte - et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.

20. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a aucune trace des éléments ni aucun iota de leurs dérivés, aucun sens du "je", ou "mental", aucune imagination mentale, aucun défaut d'attachement, aucun concept quel qu'il soit - et sois heureux toujours, libre de la moindre trace de pensée.

21. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y a aucun des trois espèces de corps (corps physique grossier, subtil interne, ou sans forme et plus subtil encore), le rêve et le sommeil, rien des trois sortes d'âmes (celles qui sont pleinement préparées à l'avancement spirituel, celles qui sont moins préparées, et celles qui ne sont pas préparées du tout), aucune des trois sortes d'afflictions (celles du corps, celles causées par les éléments, et celles causées par les êtres subtils et les pouvoirs spirituels), aucune des cinq couches fonctionnelles (physique grossier, vital, psychique-émotionnel, mental, et celle de béatitude sans forme), et personne pour s'identifier à elles - et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.

22. Demeure en tant que cela en lequel il n'y a objet sensible, ni pouvoir de masquer la Réalité, ni différence d'aucune sorte, aucun pouvoir de projeter des objets irréels, aucun pouvoir d'aucune sorte, aucune notion fausse à propos du monde - et sois heureux toujours, sans la moindre trace de pensée.

23. Demeure en tant que Cela en lequel il n'y aucun organe des sens ni personne pour les utiliser, Cela en lequel la grâce transcendante est expérimentée, Cela qui est absolument immédiat, qui donne l'immortalité quand on le réalise et qu'on l'atteint, et le devenant, on se libère du cycle des naissances et des morts - et sois heureux encore, sans la moindre trace de pensée.

24. Demeure en tant que Cela, en en réalisant et expérimentant la grâce, toutes les joies apparaissent comme les joies de Cela, qui, clairement connu pour être soi-même, montre qu'il n'y a rien qui soit séparé de soi-même, et le sachant, toutes sortes d'âmes séparées sont libérées - et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.

25. Demeure en tant que Cela, ne réalisant qu'être soi-même, il n'y a rien d'autre à connaître, tout devient connu et tout but est accompli - et sois toujours heureux, sans la moindre trace de pensée.

26. Demeure en tant que Cela qui est atteint facilement quand on est convaincu de n'être pas différent du Suprême Absolu, d'où résulte, quand la conviction devient ferme, l'expérience de la Suprême Grâce du Réel, ce qui produit un sens de satisfaction incomparable et complète quand l'esprit est absorbé en Lui - et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.

27. Demeure en tant que Cela qui conduit à la complète cessation de la misère quand la conscience est absorbée en Lui, et à l'extinction de toutes les idées de "je", "tu" et "l'autre", ainsi que la disparition de toutes les différences - et sois heureux toujours, sans la moindre trace de pensée.

28. Demeure en tant que Cela en lequel, quand l'esprit est absorbé en Lui, Un demeure sans un second, rien d'autre que soi n'est vu comme existant et l'incomparable grâce est expérimentée - et sois heureux, sans la moindre trace de pensée.

29. Demeure en tant que Cela qui est Etre indifférencié, conscience indifférenciée, Grâce indifférenciée, absolument non-duelle, la Réalité Absolue indifférenciée - et avec la ferme conviction que tu es Cela, sois toujours heureux.
Source du texte : non-dualité

Autre traduction (70 versets) : inner-quest


mercredi 20 juin 2012

UN FONCTIONNEMENT SANS INTERVENTION

http://www.omalpha.com

Entretien à Londres, 1989
Docteur Klein, pouvez-vous nous parler de l'état physiologique du corps quand on se trouve dans l'écoute? Quand l'objet revient à la vision, sommes-nous dans une détente profonde?
Le corps doit être complètement libre de toute anticipation et de toute attente, libre de tout relent de passé. Il doit être complètement détendu. Aussi, pour parvenir à une compréhension, à une expérience d'écoute, nous devons d'abord prendre notre corps comme un objet d'observation. Au moment où nous prenons notre corps comme un objet d'observation, nous voyons que nous n'avons connaissance que de certaines parties de notre corps et qu'il peut être extrêmement ardu de percevoir la totalité de notre corps. Dans ces parties, il y a contraction, lourdeur et réaction. Aussi au moment où notre corps devient un objet d'observation innocente— et par innocente je veux dire que l'observateur est libre de toute attente, libre de toute mémoire— alors, dans cette observation innocente il n'y a nulle place pour un «je», pour un «moi», qui sont à l'origine des réactions et de la lourdeur. Il n'existe plus désormais de complice pour maintenir des contractions dans le corps et elles disparaissent. Nous parvenons ensuite à un ressenti global de notre corps, une sensation de vacuité. Ce que nous appelons observation inconditionnée, regard innocent, concerne un corps affranchi de toute impulsion de prendre, de saisir.
Quand nous écoutons réellement, sommes-nous libre de toute tension?
Oui, dans cette écoute du corps, toute tension s'évanouit et nous parvenons à un corps inconditionné. Vous vous libérez de tous les résidus du passé. Dans l'observation innocente, il y a acquiescement. Vous ne pouvez jamais observer quelque chose, quand vous ne l'acceptez pas; il doit donc y avoir, en premier, acceptation. En acceptant votre souffrance, votre souffrance se modifie. Seul un objet peut éprouver de la souffrance, et vous n'êtes pas l'objet, vous en êtes l'observateur. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de souffrance mais elle est réduite à son aspect le plus simple, le plus fonctionnel. Quand vous résistez psychologiquement, vous êtes un complice de la souffrance. C'est seulement en acceptant que le corps se prend en charge, parce que l'origine du corps est la santé, l'origine du corps est la perfection.
Docteur Klein, pouvez-vous dire quelque chose à propos de tout ce que nous voyons comme une projection?
Généralement nous pensons qu'un objet existe hors de nous-même, qu'il a une existence indépendante, mais c'est seulement une croyance. Ce n'est basé ni sur une expérience ni sur un fait. Le prétendu objet qui serait à l'extérieur de nous a besoin de la conscience pour être perçu. La conscience et son objet ne font qu'un. C'est vous qui créez, projetez le monde d'instant en instant. Quand le corps s'éveille le matin, au même instant le monde s'éveille. Vous projetez le monde; c'est bien vous qui créez le monde d'instant en instant.
Est-ce que vous voulez dire que l'action crée le monde tel que nous le voyons, de telle sorte que lorsque je m'éveille le matin et que je vois la chambre et ce qui s'y trouve, la chambre existe seulement quand je m'éveille?
D'abord, quand vous vous éveillez, vous ne voyez pas la chambre, vous ne voyez que votre mémoire. Vous voyez un angle du plafond et vous dites: «Je suis dans une chambre», mais c'est seulement la mémoire que vous projetez et que vous appelez chambre. Votre vision n'est que fragmentaire. Ce que vous nommez votre environnement est constitué par au moins 80% de mémoire. Quand votre écoute est globale, chaque instant est neuf, sinon il ne s'agit que de répétition. Aussi longtemps que durera le réflexe de vous prendre pour quelqu'un, vous ne verrez que des fragments, et le regard que vous porterez sur votre environnement ne pourra être que fragmentaire. C'est la vision fragmentaire qui crée un problème; sinon il n'y a pas de problème. C'est vous seul qui créez le problème.
Est-ce que cela veut dire que toute relation sera entachée d'un problème?
Absolument. (Rire)
Parce qu'une véritable relation est une non-relation. Par non-relation, j'entends: «Etre libre d'être quelqu'un». Quand vous vous prenez pour une personne, vous ne pouvez voir qu'une personne. Mais quand vous vivez dans l'absence de tout ego, vous ne pourrez voir chez autrui, que l'absence de la personne. C'est dans cette non-relation que se trouve la véritable relation; sinon, il n'y a qu'une relation d'objet à objet, de personne à personne, et c'est une source de conflit. Quand vous vous prenez pour une personne, vous vivez dans l'insécurité, étant donné que cela demande un effort pour maintenir en vie la personne, car la personne ne peut exister en dehors de situations: elle est constamment en défense contre l'absence de situations. Enormément d'énergie est gaspillée dans la création de situations, c'est-à-dire dans la création d'une fausse continuité.
Comment se débarrasser de la personne?
Voyez que vous vous prenez pour quelqu'un.
Voir est très facile, mais s'en débarrasser est très difficile...
Voir n'est pas prendre mentalement note, cela implique que vous voyiez avec autre chose que votre seule pensée, que vous constatiez comment la vision agit sur vous. Vous devez donner du temps à la vision. Après avoir pris note, ne vous précipitez pas, mais habitez la vision assez longtemps pour prendre conscience de la manière dont elle a agi sur vous. Quand vous voyez que pendant quarante-deux ans vous avez créé une personne et que tout ce qui gravite autour de vous a été vu selon l'optique d'une personne de quarante-deux ans, il se produit un choc. Prenez note de ce choc. Il est considérable. C'est en le percevant réellement qu'il y a transformation. C'est seulement cette sorte de vision qui possède le pouvoir de transformer. Sinon il n'y a que changement, et le changement n'est pas une transmutation. Voir réellement quelque chose est une transmutation. C'est une sorte de réorchestration de toute votre énergie. Ensuite vous serez libre un jour de la personne, et là, dans votre absence, se trouve la joie seule
Ainsi donc, si nous ne percevons pas véritablement quelque chose dans notre corps, cela signifie que nous ne l'avons pas vu?
Précisément.
Il est évident pour moi que jusqu'alors, voir n'a été qu'une idée, mais le moyen de savoir que nous avons vu c'est quand il y a cette perception dans le corps lui-même...
Oui, cela doit être perçu. Le perçu est senti, ce n'est pas un concept.
Quand les perceptions directes demeurent intellectuelles, que l'on pense: «Je la vois, je la sens», mais que cette manifestation ne se passe pas sur le plan global du corps, comment faire pour ramener la perception directe au niveau global? Comment faire pour réellement sentir quelque chose si les nombreuses perceptions directes que nous avons demeurent plus ou moins dans la pensée?
Je dirais que vous devez attendre, attendre que le connu se soit complètement résorbé dans la non-connaissance. Si, pour comprendre un objet, vous regardez un autre objet, le savoir reste dans le domaine du déjà connu. Mais quand vous posez la question: «Qui suis-je? Quelle est ma vraie nature?», toute représentation doit s'être déjà complètement dissoute dans l'être.
Ainsi nous pouvons nous dire: «J'ai eu une perception directe, mais elle n'a pas changé ma vie, elle est purement intellectuelle», et ensuite nous devons revenir à cette perception physique, au lâcher-prise et à la détente?
Oui, quand vous disposez d'une représentation globale claire, elle agit sur vous, elle agit sur la totalité de votre corps.
Comme quand on devient soudain conscient d'une tension et que la tension disparaît?
Bien sûr, si vous allez chez un psychanalyste, il vous dira que le relèvement de l'épaule est une réaction psychologique. Mais ceci n'est qu'une explication. Pour réellement comprendre la tension, vous devez sentir votre épaule; votre épaule doit être une sensation. Vous écoutez la sensation et vous observerez alors que votre épaule tombe, de plus en plus bas, et finit par atteindre sa position juste. Vous verrez que lorsque votre épaule est complètement relâchée, vous serez libre de toute angoisse. Aussi n'est-il nullement nécessaire de savoir pourquoi l'épaule s'élève. Il est seulement besoin de noter le moment où elle se relève, et elle s'abaissera naturellement. C'est une expérience organique. Une fois que vous aurez expérimenté la position juste, vous en aurez la mémoire organique et aussitôt vous percevrez la différence entre une épaule relâchée et une épaule relevée. A partir du moment où vous voyez que, chaque jour, vous vous prenez pour quelqu'un, que vous vous identifiez à votre intelligence, à vos capacités, à vos talents, à votre personnalité, et que vous affrontez le monde et votre entourage du point de vue de cette personnalité —quand vous voyez réellement quel non-sens il y a de vous prendre pour quelqu'un que vous n'êtes pas réellement— alors cette personnalité disparaîtra, vous pouvez en être certain. Un jour vous serez libre de l'ego, soudainement libre; être soudainement libre de l'ego, c'est une illumination subite. Mais quand cela se produit, prenez-en note sans interpréter, sans chercher à justifier. Quand la pensée entre en jeu, vous ne pouvez jamais parvenir à une transformation; ce n'est pas la pensée qui voit, c'est la conscience. C'est un séisme extraordinaire quand vous voyez, pour un instant, que vous vous êtes pris pour M. Smith ou M. Dupond pendant quarante-deux ans, que votre personnalité est une totale fabrication, un néant, une ombre! C'est un extraordinaire séisme!
Et après, Dr Klein?
Après cela, vous vous goûterez quelquefois vous-même dans votre absence. Vous percevrez réellement votre véritable présence dans cette absence...
Vous avez parlé du relâchement de l'épaule à titre d'exemple, et l'on observe de pareils phénomènes quand on relâche la pensée. On remarque un point où l'on se décharge d'une quantité de choses mais il y a une peur fantastique d'éliminer l'ultime petit morceau. Il y a encore le désir de connaître, et ce désir arrête cette élimination. Pourriez-vous nous parler de cela?
Vous ne pouvez jamais séparer la pensée du corps, le corps de la pensée. La peur et l'angoisse que vous ressentez quelquefois, c'est dans votre corps-pensée que vous les percevez d'abord; mais quand vous les sentez, vous les transposez ordinairement sur un plan conceptuel et vous dites: «Je suis dans un état de peur". Dire cela, c'est faire intervenir la mémoire, le concept de peur; vous n'êtes pas en contact avec la sensation véritable. Aussi affranchissez-vous du concept de peur et n'ayez en face de vous que la perception, mais une perception non conditionnée, nue, débarrassée de toute anticipation, de toute attente.
«Non conditionné» semble être le mot clé. Quand il y a un désir permanent de cette réalité supérieure, ce désir fait que la perception est conditionnée, n'est-ce pas?
Oui. Essayez de trouver en vous-même cet état sans désir. Regardez comme le fait un scientifique, sans interpréter, sans comparer, sans justifier. Revenez chaque fois à cette pure perception. Nous en savons très peu sur la perception pure, parce que nous la rendons tout de suite psychologique, nous en faisons une conception. Quand je dis de la voir, cela veut dire la voir sans interprétation, d'être face à elle, à elle seule.
Vous voulez dire sans choix?
Oui, sans choix, sans sélection.
Je veux dire, dans mon cas, qui choisit de venir ici au lieu d'aller au cinéma?
Je n'en suis pas si sûr! ( Rire )
Moi non plus!
J'aimerais que vous scrutiez plus attentivement ce qui vous pousse à venir ici. Regarder la motivation qui vous conduit à venir ici peut considérablement réduire votre consommation d'essence! Vous pouvez faire face à la question immédiatement, dans votre salon. Peut-être est-ce un manque de paix, un manque de bonheur. Si c'est un manque de paix, peut-être pouvez-vous affronter, dans l'instant même, la sensation qui vous rend nerveux. Faites face à la perception à ce moment-là, faites face à l'absence de paix et de bonheur, et vous vous découvrirez vous-même, non dans l'objet, le manque ou la nervosité, mais dans la vision elle-même. Vous êtes le sujet ultime, le sujet de tous les objets. Des milliers et des milliers d'objets existent et changent, mais vous êtes l'unique sujet ultime qui ne peut jamais devenir un objet —aussi, soyez-le; c'est là qu'est votre liberté. Quand vous verrez cela réellement, vous serez frappé par l'évidence qu'il n'y a rien à atteindre, rien à acquérir. Si quelqu'un vous déclare que vous pouvez apprendre quelque chose ou obtenir une perception directe grâce à une technique ou un système, passez votre chemin. Tout cela vous détourne de la vision réelle. Rien n'est à acquérir de ce que vous êtes, parce que vous l'êtes. Tenter de l'acquérir vous en éloigne, car c'est ce qu'il existe de plus proche de vous. Avant que votre corps ne s'éveille le matin, vous l'êtes. Il est suffisant de savoir que les états de veille, de rêve, de sommeil profond sont en vous. Ce qui est derrière tous ces états est votre vraie nature, votre vrai visage; c'est le visage même que vous aviez avant votre naissance, et c'est le visage même qui demeure après votre mort physique. Mais l'important est d'intégrer cela sciemment.
Je ne connais pas ce moment dont vous parlez, avant que la pensée ne s'éveille. Je sens que je vais d'un sommeil profond ou d'un état de rêve inconscient à un état de veille «normal».
Il est des moments où le corps n'est pas totalement corps, où le monde n'est pas complètement monde, aussi restez dans cet effluve de sommeil profond, soyez complètement à l'unisson avec lui. Ne forcez pas votre corps-pensée à travailler ou à s'éveiller, ne forcez pas le monde à être monde. Vous découvrirez, quand vous ferez réellement cela, que la totalité de votre journée conservera le parfum du sujet ultime que vous êtes.
Donc, toute la question est de demeurer avec ce parfum avant que le corps-pensée ne s'éveille?
Oui, mais vous ne pouvez faire intervenir la volonté. Au moment où vous la percevez, restez complètement accordé à cette sensation; vous ne pouvez jamais la garder, c'est elle qui vous garde.
Dr Klein, comment peut-on s'acquitter de ses tâches quotidiennes s'il n'existe ni personnalité ni ego?
C'est dans votre absence que vous percevrez votre réelle présence. Tout ce qui apparaît dans votre vie est comme ce qui se produit sur une scène mais vous ne vous identifiez pas à l'acteur qui est sur scène, vous demeurez simplement dans la salle, vous êtes le témoin. La vraie joie n'a lieu que lorsque vous êtes le témoin de tout ce qui apparaît et disparaît. Alors vos relations changeront complètement, parce qu'alors il n'existe aucune personnalité à laquelle vous identifier. La personnalité est un très bon outil, mais vous ne vous identifiez pas à elle. Vous agissez spontanément, et cette action n'est pas une réaction, elle est en réelle adéquation avec chaque instant. Une action spontanée implique qu'il n'y a ni acteur, ni agent, il y a seulement action. Il n'y a aucune entité dans le cosmos, il y a seulement fonctionnement. Un fonctionnement sans intervention d'une personnalité relève d'un âge nouveau.

lundi 18 juin 2012


Le rêve de la séparation
Tony Parsons 

Tout ce qu’il y a est le rien étant tout. Et en part de ce tout, apparaît la croyance et l’expérience au quotidien d’être un soi séparé – un individu apparent disposant d’une volonté, d’un pouvoir de choix et d’une capacité à agir qui lui seraient propres. Ceci est spécifique à l’homme et est appelé conscience de soi. La plupart des gens prennent cela pour la réalité.

Ce sentiment apparent d’être séparé est à la racine de la souffrance, du mal-être et du sentiment de perte qui conduisent à chercher à y échapper ou à résoudre la situation. C’est l’Etre rêvant qu’il est séparé de lui-même, cherchant urbi et orbi un tout qui n’a jamais cessé d’être. C’est le rêve hypnotique de séparation qui, pour le rêveur, est très réel.

Le dilemme pour le rêveur en recherche est que le sentiment de séparation gouverne la quête de solution ce qui alimente plus avant le sentiment de séparation.

Le développement d’un « esprit » intelligent et capable de compréhension s’accompagne apparemment du pouvoir d’opérer des choix et des actions en une tentative de négocier avec le monde. Ces tractations ne sont pas toujours couronnées de succès et l’individu semble faire l’expérience de souffrances et de plaisirs qui lui seraient propres.

Tout ceci engendre également chez le rêveur une grande considération pour les conseils, les orientations et le contrôle qui émanent en apparence de l’esprit-qui-comprend. Toutefois, tant qu’il y a un sens de la séparation, il subsiste un sentiment d’insatisfaction ou de perte et une recherche visant à le dissiper.

L’entité séparée ne peut que tenter d’imaginer ou de projeter ce à quoi ressemble de ne pas être séparé. Ce qui est recherché est la possibilité d’un but ou d’un état futur pouvant être réalisé et qui, par conséquent, et en toute logique, doit être approchable. A partir de là, la fonction de la recherche et l’enseignement tourné vers le devenir, enferment le chercheur dans un état de constante aspiration à se rapprocher de quelque chose qu’il ne peut saisir. Tout cela est expression de l’Etre, se manifestant en tant que ce bon vieil esprit-qui-comprend, fiable et digne de confiance, fonctionnant de la seule manière qu’il connaisse… en perpétuelle agitation et constante anticipation. C’est cette activité tournée vers le devenir qui très efficacement maintient le chercheur dans le rêve hypnotique d’un élan vers quelque chose qu’il ne peut saisir.

Bien sûr, la Libération peut, apparemment, survenir, totalement à son gré en dépit de tous ces efforts.
Le seul autre espoir pour le rêveur, pour l’apparent chercheur spirituel, est de croire en une énergie bienveillante (disons Dieu, la Conscience ou un soi-disant maître illuminé) qui puisse être motivée pour le guider et choisir de l’influencer tout au long d’un cheminement finissant par conduire à la plénitude. Mais il n’est aucun choix à quelque niveau que ce soit. Toutes ces idées de devenir, de but, de dessein, de choix et de destinée naissent au sein du rêve.

Le paradoxe tient à ce que l’Etre bien qu’apparaissant en tant que rêveur en recherche, n’est pas un état qui puisse être imaginé, conçu, atteint ou même réalisé à travers une quête dont il ferait l’objet. Etre ne requiert absolument rien… il est le Rien et le Tout - déjà complétude et plénitude immaculées. Rien n’a besoin d’être transformé ou atteint, abandonné ou trouvé, pour qu’Etre simplement Soit. L’apparence de séparation est simplement l’expression de l’Etre. L’idée même de quelque chose qui aurait besoin d’approcher ce qui est déjà, est merveilleusement futile. L’Etre est un comédien au public qui ne rit jamais.

Le chercheur rêvé éprouve un sentiment de perte et d’indignité et de ce fait se trouve très attiré par les enseignements dans le rêve qui impliquent la purification, l’effort soutenu, l’abandon, la dévotion et la culture de la renonciation et le détachement.

Il y a une sorte d’inéluctabilité logique et d’indéniable honorabilité attachée à ces notions qui résonnent avec le sentiment de manque. La voie quasi sans fin de l’effort assure joyeusement la prorogation de l’expérience individuelle. Ces idées semblent émaner directement de l’histoire d’une sagesse traditionnelle parfaitement cohérente et digne de foi et qui assurément doit être respectée, quand bien même elle ne nous parviendrait plus qu’en tant que mots couchés sur des bouts de papier.

Deux voies traditionnelles s’attachent à résoudre ou à échapper au sentiment de séparation : la méditation et le questionnement de soi.

Dans la méditation, il semble possible, par l’intermédiaire d’une guidance et de choix apparents, d’atteindre certains états de tranquillité ou de béatitude qui semblent meilleurs que le sentiment de séparation. La croyance prévalente est que l’effort assidu à la méditation va cristalliser l’état et finira par le rendre permanent. Mais ces états ne sont que des expériences personnelles subtiles survenants à l’intérieur de l’histoire rêvée. Ainsi à l’instar de toute autre activité inscrite dans le temps, ces expériences apparaissent et disparaissent.

Le questionnement de soi est un processus similaire dans le sens où l’individu à pour but de choisir d’agir ou de faire un effort pour atteindre un endroit nommé conscience qui, son maître le lui promet, apportera paix de l’esprit, joie et fin de toute souffrance.

Une grande importance est attribuée à la nécessité de mener une investigation rigoureuse des processus de pensées, etc. et de maintenir une vigilance prévenant « la distraction par des pensées centrées sur soi. »

Toute cette activité se fonde sur le principe de l’acquisition et du maintien d’une possession personnelle de l’unicité.

L’effet de l’état conscient est un mouvement apparent vers un plan de détachement qui à première vue semble très libérateur, puissant et sécure… Un peu comme être dans une cage de verre d’où la vie peut être observée sans que l’observateur soit jamais affecté. Cela demeure une expérience personnelle subtile empreinte de dualité, se déroulant au sein de l’histoire rêvée de la séparation. De ce fait elle est transitoire.

La conscience du déroulement de la vie n’est pas Etre la vie.

De façon prévisible, la conscience de soi (la présence à soi des bouddhistes) est facilement oubliée, perdue, ou encore submergée par les pensées du rêve ou par certaines situations fortement émotionnelles. La cage de verre est ébranlée et l’endroit où vous sembliez établi paraît à nouveau perdu. Le chercheur rêvé va se remettre au questionnement de soi, en quête d’un nouveau coup de pouce, à moins que ne soit réalisé que la culture de l’état conscient n’est simplement qu’un autre refuge au sein du rêve de la séparation.

Tout cela est simplement l’expression de l’Etre.

Une autre façon pour le rêveur d’éviter d’être, simplement, est de tenter de comprendre ou d’éclaircir sa propre nature. Il est très facile de se retrouver prisonnier de concepts non duels. La singulière et inexorable réitération de notions telles que « tout ce qui est, est Etre. », « Tout est expression de l’Etre. » ou « il n’est personne » est une forme de communication aride et simpliste. Elle n’aborde ni n’éclaire l’apparent dilemme du chercheur du rêve, et de toute évidence ignore l’essence énergétique primordiale de la vie se vivant elle-même, implicite dans le simple fait d’Etre.

Dire constamment qu’être éveillé ou assoupi n’a aucun sens puisque « Etre est tout ce qui est » est comme dire à un aveugle que son état n’est pas un problème puisque « voir est tout ce qui est. » C’est de l’idéalisme pur. Bien sûr, il n’existe rien de tel qu’être assoupi ou éveillé, mais cela ne peut être vu avant la disparition de celui qui cherche à voir.

Le message du Secret Ouvert n’est pas tributaire de concepts clairs, si efficaces soient-ils pour démasquer la confusion. La parole entendue est une survenue spontanée et les mots ne peuvent que pointer en direction d’un autre possible, situé au-delà de l’expression verbale. C’est le message éternellement neuf et présent dans les Ecritures, ignoré, rejeté ou dissimulé aux seuls yeux de l’esprit.

La notion d’enseignement prescriptif, l’idée de guider ou d’offrir une assistance en est simplement absente. C’est un message dépouillé de tout espoir ou de tout réconfort pour l’individu, mais invariablement le chercheur rêvé n’en continuera pas moins à croire qu’il y a ici quelque chose d’offert… Telle est la fonction de la recherche. Il peut également se trouver que tout ce qui demeure soit rien et que puisse surgir alors un autre possible. Toutefois, il n’y a aucun dessein, aucune intention, car ici il n’y a rien à vendre.

Il est possible que puisse surgir la clarté, mais l’ultime compréhension n’est pas la libération. Cela dit, tout cette communication conceptuelle est secondaire en regard d’un élément primordial très illuminant. Cet élément est du domaine énergétique, il s’agit du déploiement impersonnel de la vie… la vibrante merveille implicite dans le simple fait d’Etre. C’est un déplacement énergétique, conduisant apparemment hors de la contraction vers l’illimité. Ce « sans limite » ne peut être possédé et par conséquent ne peut être concédé. Sa simplicité confond profondément l’esprit, mais il en émerge une reconnaissance impersonnelle qu’il n’est personne et rien à libérer. Toute idée de séparation, de souffrance individuelle, de libre-arbitre, de choix autonome, de sens, de dessein ou de but, de destiné, de hiérarchie et de tradition est simplement vue, par personne, comme le drame rêvé de l’Etre.

Il semble que l’esprit en recherche éprouve une fascination pour la lutte, la difficulté et la complexité. Tout le tissu de la « recherche spirituelle » est truffé d’histoires de constructions impressionnantes, apparemment reposant sur des débuts modestes. Le bouddhisme, la chrétienté et combien d’autres dogmes se disputent le fait d’avoir les meilleurs dieux. Les catéchismes du péché et de l’indignité, tout comme les notions de degrés de conscience et de niveaux d’éveil, sont inventoriés, questionnés, explorés, disséqués et font l’objet de farouches affrontements.

L’esprit adore l‘idée d’une illumination qui serait une sorte de lieu distant, virtuellement inatteignable, un espace parfait de félicité permanente, libre de toute souffrance et empli d’omniscience, d’omniprésence, d’omnipotence et de toute une ribambelle d’autres « omnis » très importants, affairés au calcul des tenants et aboutissants et déterminés à sauver le monde. Et bien sûr, comme toute cette gloire et cette distinction doit être conquise de haute lutte, il semble naturel qu’elle soit assortie d’une interminable errance dans les affres de « l’obscure nuit de l’âme », d’innombrables karmas passés, du péché originel, de la pensée juste, de l’action juste et de la préparation aux bardos. « Un conte narré par un sot, plein de bruit et de fureur, mais n’ayant aucun sens. »

Pourtant, Etre, simplement et naturellement Etre, est une constante tellement ordinaire et empreinte de tant de douceur. Quand cela est vu, c’est. Quand cela passe inaperçu, c’est.

Etre ne nécessite aucun effort et ne requiert aucun critère. Intemporel, il n’est pas de voie à épuiser, pas de dettes à payer. C’est déjà totalement su. Quand ceci est entendu et que la confusion se dissipe, quand la tension pour s’emparer de l’ultime se relâche et que la vibrante énergie d’être « la vie même se déployant » devient apparente, quelque chose d’autre émerge, de façon très naturelle, bien sûr, car il s’agit de tout ce qui déjà est.

vendredi 15 juin 2012

Qu’est ce que vivre ? 

Il ne faut pas s’accrocher aux alternatives en se disant qu’elles vont changer la société. La société changera quand la morale et l’éthique  investiront notre réflexion.
Chacun doit travailler en profondeur pour parvenir à un certain niveau de responsabilité et de conscience et surtout à cette dimension sacrée qui nous fait regarder la vie comme un don magnifique à préserver. Il s’agit d’un état d’une nature simple :
J’appartiens au mystère de la vie et rien ne me sépare de rien.
Je suis relié, conscient et heureux de l’être. C’est là que se pose la question fondamentale :
Qu’est-ce que vivre ?
Nous avons choisi la frénésie comme mode d’existence et nous inventons des machines pour nous la rendre supportable. Le temps-argent, le temps-production, le temps sportif où l’on est prêt à faire exploser son cœur et ses poumons  pour un centième de seconde… tout cela est bien étrange.
Tandis que nous nous battons avec le temps qui passe, celui qu’il faut gagner, nos véhicules, nos avions, nos ordinateurs nous font oublier que ce n’est pas le temps qui passe mais nous qui passons.
Nos cadences cardiaques et respiratoires devraient nous rappeler à chaque seconde que nous sommes réglés sur le rythme de l’univers. L’intelligence collective existe-t-elle vraiment ?
Je l’ignore mais je tiens pour ma part à me relier sur ce qui me parait moins déterminé par la subjectivité et la peur, à savoir l’intelligence universelle. Cette intelligence qui ne semble pas chargée des tourments de l’humanité, cette intelligence qui régit à la fois le macrocosme et le microcosme et que je pressens dans la moindre petite graine de plante, comme dans les grands processus et manifestations de la vie.
Face à l’immensité de ce mystère, j’ai tendance à croire que notre raison d’être est l’enchantement. La finalité humaine n’est pas de produire pour consommer, de consommer pour produire ou de tourner comme le rouage d’une machine infernale jusqu’à l’usure totale.
C’est pourtant à cela que nous réduit cette stupide civilisation où l’argent prime sur tout mais ne peut offrir que le plaisir. Des milliards d’euros sont impuissants à nous donner la joie, ce bien immatériel que nous recherchons tous, consciemment ou non, car il représente le bien suprême, à savoir la pleine satisfaction d’exister. Si nous arrivions à cet enchantement, nous créerions une symphonie et une vibration générales.
Croyants ou non, bouddhistes, chrétiens, musulmans, juifs et autres, nous y trouverions tous notre compte et nous aurions aboli les clivages pour l’unité suprême à laquelle l’intelligence nous invite.
Prétendre que l’on génère l’enchantement serait vaniteux. En revanche, il faut se mettre dans une attitude de réceptivité, recevoir les dons et les beautés de la vie avec humilité, gratitude et jubilation.
Ne serait-ce pas là la plénitude de la vie ?

Pierre Rabhi
Source : http://ventdeveil.blogspot.ca/

jeudi 14 juin 2012

 ABHINAVAGUPTA
Huit stances sur l'Incomparable
traduction de Lilian Silburn        
http://www.omalpha.com



1. Ici, nul besoin de progrès spirituel ni de contemplation, ni d'habileté de discours, ni d'enquêtes, nul besoin de méditer, ni de se concentrer, ni de s'exercer aux prières marmonnées. Quelle est, dis-moi, la Réalité ultime absolument certaine ? Écoute ceci : ne prends ni ne laisse et, tel que tu es, jouis heureusement de tout.
2. Du point de vue de la Réalité absolue, il n'y a pas de transmigration. Comment alors est-il question d'entrave pour les êtres vivants ? Puisque l'être libre n'a jamais eu d'entraves, entreprendre de le libérer est vain. Il n'y a là que l'illusion de l'ombre imaginaire d'un démon, corde prise pour un serpent qui produit une confusion sans fondement. Ne laisse rien, ne prends rien, bien établi en toi-même, tel que tu es, passe le temps agréablement.
3. Dans l'Inexprimable1, quel discours peut-il y avoir et quelle voie différencierait adoré, adorant et adoration ? En vérité, pour qui et comment un progrès spirituel se produirait-il, ou encore qui pénétrerait par étapes dans le Soi ? Oh Merveille ! cette illusion, bien que différenciée, n'est autre que la Conscience-sans-second. Ah ! tout est essence très pure éprouvée par soi-même. Ainsi, ne te fais pas de soucis inutiles.
4. Cette félicité n'est pas comme l'ivresse du vin ou celles des richesses, ni même semblable à l'union avec la bien-aimée. L'apparition de la Lumière consciente n'est pas comme un faisceau de lumière que répand une lampe, le soleil ou la lune. Quand on se libère des différentiations accumulées, l'état de bonheur est une allégresse comparable à la mise à terre d'un fardeau, l'apparition de la Lumière est l'acquisition d'un trésor oublié : le domaine de l'universelle non-dualité.
5. Attirance et répulsion, plaisir et douleur, lever et coucher, infatuation et abattement, etc., tous ces états participant aux formes de l'univers se manifestent comme diversifiés, mais en leur nature ils ne sont pas distincts. Chaque fois que tu saisis la particularité d'un de ces états, attentif aussitôt à la nature de la Conscience comme identique à lui, pourquoi, plein de cette contemplation, ne te réjouis-tu pas ?
6. L'efficacité de ce qui existe actuellement n'existait pas auparavant ; de façon soudaine, en effet, surgissent toujours les choses en ce monde. À quelle réalité peuvent-elles prétendre, ainsi troublées par la confusion déformante de l'état intermédiaire2 ? Quelle réalité y a-t-il dans l'irréel, l'instable, le falsifié, dans un amoncellement d'apparences, dans l'erreur d'un rêve ? Reste par-delà l'imperfection propre aux angoisses du doute et éveille-toi.
7. L'inné ne peut être sujet au flot des existences objectives ; celles-ci ne se manifestent qu'éprouvées par toi. Bien que privées par nature de réalité, en un instant, par la faute d'une erreur de perception, elles prennent part au réel. Ainsi jaillit de ton imagination la grandeur de cet univers puisqu'il n'existe pas d'autre cause à son apparition. C'est pourquoi, par ta propre gloire, tu resplendis dans tous les mondes et, bien qu'unique, tu es l'essence du multiple.
8. Lorsque surgit la Conscience en tant que contact immédiat avec soi-même alors le réel et l'irréel, le peu et l'abondant, l'éternel et le transitoire, ce qui est pollué par l'illusion et ce qui est la pureté du Soi apparaissent radieux dans le miroir de la Conscience. Ayant reconnu tout cela à la lumière de l'essence, toi dont la grandeur est fondée sur ton expérience intime, jouis de ton pouvoir universel.
Notes
1. La tradition cachemirienne utilise le mot Anuttara : l'Insurpassé, le Sans-Égal. Ce mot peut aussi signifier l'Incomparable, littéralement : « Ce qui n'est pas le plus haut de deux » (parce qu'il n'y a pas d'autre que Lui). C'est la nature réelle de toute diversité apparente. Il n'y a que la Lumière consciente. Même dire que la Lumière consciente est le « Tout » est une restriction : il n'y a pas de « Tout », pas davantage qu'il n'y a de parties. La Lumière consciente est impensable.
2. Cet « état intermédiaire » se réfère au deuxième moment de toute perception ou activité. Dans le premier moment, il n'y a aucune pensée, seulement un pur élan lumineux dans lequel l'objet perçu resplendit dans sa nature véritable, la certitude du Je véritable. Dans un deuxième moment, dans la plénitude originelle apparaît une séparation par laquelle on délimite l'objet par rapport à tout ce qu'il n'est pas. Au troisième moment, l'objet est perçu en tant qu'objet pleinement différencié, avec toutes ses caractéristiques : c'est la perception ordinaire de l'état de veille.