jeudi 30 mai 2013

YOGA 2012/2013 - ST MAXIMIN LA STE BAUME - AUBAGNE - MARSEILLE - GARDANNE - NANS les PINS - BRIGNOLES - TOURVES - SEILLONS SOURCE D'ARGENS - AIX-EN-PROVENCE - JEAN ARACIL - PROFESSEUR DIPLÔ ME FFHY - 06 61 19 88 60 - jean.aracil@yahoo.fr

Jnana yoga: Introduction par Wolter A. Keers

(Revue Être. No 1. 1ère année. 1973)       


1.
La philosophie indienne, comme on l’appelle généralement, porte parfois dans la littérature classique le nom de Jnâna Yoga, ou, ce que je préfère personnellement, d’Advaïta-Védanta. Cette philosophie de la non-dualité se crée sous forme de dialogue entre l’illuminé, celui qui a trouvé, et celui qui cherche.
L’illumination est la profonde connaissance et la conviction inébranlable que la création et moi-même ne forment qu’une conscience indivisible. Dans le rêve, le monde, les sens, le corps et la personnalité sont des produits du rêve. Le tout se joue dans la conscience, et comme les vagues ne sont rien d’autre que l’eau, les images, y compris celles que nous appelons « personnalité », ne sont rien d’autre que conscience. Ceci est également vrai dans l’état éveillé : là aussi, le monde, le corps, les sens, les pensées et les sentiments ne sont rien d’autre que conscience. L’illuminé a déplacé son centre de gravité du corps, des pensées et des sentiments vers cette Conscience Absolue. Lorsque quelqu’un lui demande comment il est arrivé à ce résultat, ses réponses constituent ce que nous regardons comme « philosophie ». L’illuminé, lui, s’en moque. Tout comme l’homme ignorant ne ressent aucun besoin de courir les rues, proclamant « je suis un homme, je suis un homme », l’illuminé n’a besoin d’aucune affirmation pour vivre cette expérience que « je » ne suis rien d’autre que la conscience absolue.
Qu’est-ce qui nous empêche d’être sciemment ce que nous sommes ? L’idée, la notion, le sentiment que nous sommes autre chose. Le but de toute discipline spirituelle digne de ce nom, Sâdhanâ, n’est autre que de se débarrasser de la fausse croyance que nous sommes un corps ou un être limité qui pense et éprouve des sentiments, pour arriver finalement à la reconnaissance immédiate de ce que nous sommes réellement, de ce que nous avons toujours été et de ce que nous resterons toujours. La structure de ce « moi » fictif, de cette personnalité, ne peut être démasquée et comprise qu’après la rencontre de celui qui a déjà trouvé ce que nous cherchons. Sans l’aide d’une telle personne, nous projetons toujours notre propre niveau dans les livres : quand ils nous parlent de l’éternité, nous nous faisons une idée de l’éternité. Cette idée diffère autant de l’éternité elle-même que l’image que l’on se ferait de Bombay diffère d’une véritable promenade à Bombay.
Celui qui veut distinguer ce qu’il est de ce qu’il n’est pas doit d’abord analyser sa notion du « moi ». Dans des phrases comme : je marche, je m’assieds, je suis grand ou petit, mince ou gros, je travaille, je me repose, etc., le mot « je » signifie le corps. Quand je dis : comme c’est doux… c’est délicieux…, j’entends du bruit, je vois tel ou tel objet, ça sent bon…, le mot « je » signifie le fonctionnement d’un des sens. Et dans des remarques comme : je pense à … ou, je me sens triste ou gai, le mot « je » signifie le fonctionnement de l’intelligence ou des sentiments. Toutes ces expériences ont « je » en commun. Il est donc clair que je ne suis pas déterminé par une de ces expériences, mais que, par contre, le « je » est quelque chose qui s’identifie tour à tour au corps, à une perception sensorielle, à une pensée ou à un sentiment.
Du fait que je peux arriver à cette conclusion sans qu’on m’oblige à croire quoi que ce soit, du fait qu’il s’agit d’une constatation directe, il est certain que « je » suis un être conscient, car, comment pourrais-je prétendre marcher ou m’asseoir, voir ou entendre, penser ou sentir, si je ne suis pas celui qui connaît, qui perçoit ces différentes activités ?
Toutes ces choses : le corps et ses activités, les perceptions sensorielles, les pensées et les sentiments, sont distinctes du « moi » puisqu’elles sont « objet » pour moi qui suis « sujet ». Tous ces objets sont connus, moi je suis leur connaisseur ; c’est l’identification avec tout ce qui est objet et connu qui constitue l’égo. C’est sur ce « moi » fictif que repose toute notre ignorance, tout notre malheur, c’est par cette identification que nous tombons – au moins en apparence – dans un monde irréel où l’amour est remplacé par la justice, où la vérité et la plénitude cèdent à la limitation et au manque, où le bien-être est remplacé par l’inquiétude, la peine et l’insuffisance.
Comme un monde se présente toujours au niveau où « je » me place, le « je » fictif trouve, crée un monde fictif, sur lequel il projette ses complexes psychiques, son manque, sa solitude, ses désirs, etc., et comme l’homme s’identifie au corps qu’il suppose matériel, il cherche la solution dans un monde qu’il perçoit également comme matériel : il croit qu’en obtenant des biens matériels il s’achète le bonheur.
Ce phénomène d’identification que nous venons d’exposer ne se révèle pas seulement dans la vie de chaque jour, mais également dans le rêve. Là, aussi, nous sommes conscients de ce qui se présente à nous sous forme d’images. Dans le rêve, on s’identifie à un corps imaginaire qui a apparemment de toutes autres caractéristiques que le corps soi-disant éveillé : dans le rêve, le corps vole ou passe par un mur, il peut marcher sur l’eau, tomber dans un abîme sans être écrasé, entamer une conversation avec un défunt, etc. Le corps rêvé et la personnalité du rêveur diffèrent sans aucun doute de ceux de l’état éveillé. Le corps du rêve n’existe pas pour celui qui est éveillé, et le corps de l’état éveillé n’existe pas dans le rêve. Ni l’un ni l’autre n’existent d’ailleurs dans l’état de sommeil profond.
Il serait toutefois absurde d’en conclure que « je » n’existe pas vraiment dans un de ces trois états. Personne ne s’est jamais réveillé avec l’idée d’avoir cessé d’exister pendant un certain laps de temps, ni d’être un homme tout à fait différent de celui qui s’est endormi la veille.
Ce raisonnement nous prouve une fois de plus que « je » suis autre chose que ces corps qui vont et viennent. On pourrait dire : tout le long du jour « je suis » avec l’état éveillé ; la nuit « je suis » avec l’état de rêve et pendant le sommeil profond « je suis » tout court.
Ce dernier état se révèle d’ailleurs plusieurs fois par jour. Si dans l’état éveillé ou dans le rêve un objet se manifeste à moi, c’est toujours moi qui en suis le connaisseur, le témoin, c’est-à-dire celui à qui l’objet paraît. Si, par contre, il n’y a pas d’objet, comme dans le sommeil profond, je suis « moi-même » sans aucune autre limitation.
L’affirmation « j’existe » est une vérité absolue dont personne ne peut douter. Le doute supposerait en effet l’existence d’un « moi » capable d’en douter. La reconnaissance du « moi », ayant montré son vrai visage, mène vers la délivrance de tous liens, vers la complète satisfaction et le bonheur suprême, parce que c’est là que se découvre la vraie nature de l’homme.
Que le bonheur ne soit pas inhérent aux objets qui semblent parfois nous le procurer, est facile à comprendre. Il suffit de voir que l’objet qui a pu nous combler nous est indifférent après un certain temps ; il peut même par la suite nous causer certains ennuis ou même de la peine. La poupée ou le train de notre enfance nous sont-ils toujours aussi chers ? Si le bonheur n’est pas dans les objets, serait-il dans la pensée ou l’émotion ? Là aussi la réponse est négative. Si vraiment le bonheur en formait un élément essentiel, on pourrait facilement noter quelques pensées qui nous comblent, que nous pourrions retrouver à n’importe quel moment. Une attention plus approfondie nous permet d’ailleurs de voir qu’il y a bonheur sans qu’il y ait pensée ou sentiment.
Que « je » soit le bonheur et l’amour même se constate aisément si l’on se demande ce qui nous est le plus cher : l’amour ou nous-mêmes ? L’amour est cette expérience une et indivisible dans chaque être, l’harmonie totale qui ne pourrait nous être enlevée.
C’est pourquoi « je » suis le fond de toute existence (sat), la Connaissance dans la compréhension (chit), l’Ultime Bonheur et la Plénitude ((ananda). Celui qui a reconnu le « moi » dans toute sa réalité, le voit en tant que fond de toute certitude, même dans la peur, comme la Connaissance, même dans l’Ignorance, et comme l’Harmonie, même dans les dissonances. Comme le soleil voit sa propre lumière reflétée sur les planètes, il se voit comme Tout dans tous, comme cet élément essentiel, unique et invariable dans la multiplicité du monde.
(à suivre)
Jnâna-Yoga par Wolter A. Keers
(Revue Être. No 2. 1ère année. 1973)
2.
Je suis le témoin de toutes choses, le seul percipient. Dans un texte authentique, l’Ashtavakra Samhitâ, deux shlokas importants parlent de ce témoin. Au chapitre 1, le guru Ashtavakra dit à son disciple Janaka « si tu veux trouver la délivrance, il faut voir le soi comme témoin de toute chose et comme conscience pure« . Au vers 7 du même chapitre, il dit « tu es l’unique témoin et la liberté même, le seul lien qui te lie est de regarder le témoin comme s’il était autre chose« .
Il est dit que connaître est la plus importante des fonctions humaines. Cela semble évident, quand on les passe toutes en revue, et pourtant, c’est une erreur fondamentale. Il y a les fonctions physiques : voir, entendre, goûter, toucher ; puis les fonctions mentales : penser et sentir, mais connaître n’est pas une fonction et cela est une vérité qu’il faut absolument saisir.
Observons d’abord qu’une fonction (n’importe laquelle) ne dure que quelques instants et qu’elle se manifeste grâce à la conscience qui est celui qui perçoit aussi bien que la matière première. De plus, deux fonctions ne peuvent jamais se présenter simultanément. Le fait de courir exclut celui de penser, la conscience prend la forme d’une certaine image (je cours, par exemple) et ensuite — jamais simultanément — d’une autre image (l’arbre que je vois le long de la route). A ce moment-là, je suis le témoin de l’arbre perçu.
A la base de chaque image se trouve invariablement la conscience dont l’image surgit et dont elle se forme. La conscience est là, avant et après l’image, elle n’a ni début ni fin. Aucune activité fût-elle physique, sensorielle ou mentale, ne pourrait être conçue en dehors de cette conscience, qui en est l’essence pure. Contrairement à ces différentes fonctions, la conscience n’a aucune durée. La conscience est une expérience ininterrompue qui est commune à toutes ces expériences de courte durée, elle n’a besoin d’aucun instrument pour connaître. Il nous faut des jambes pour courir, les cinq sens pour voir, entendre, sentir, goûter, toucher ; le cerveau pour penser ; mais le témoin est invariablement témoin de la pensée, sans l’aide d’un instrument quelconque.
Pour mieux comprendre ceci, rappelons-nous qu’un objet ne peut être connu que s’il est traduit dans les termes de la conscience. Si je me mets à lire un récit passionnant, je n’entends pas le tictac de l’horloge. Je ne l’entends que quand le bruit se présente comme sensation mentale, comme pensée. Il en va de même pour les autres perceptions sensorielles. Le monde complexe qui m’entoure n’est donc que pensées, c’est pourquoi il n’a aucune existence autonome. Le témoin suprême ne perçoit que les pensées, jamais la matière (dont on pourrait peut-être croire qu’elle existe en dehors de la conscience). Cette perception ne nécessite aucun instrument : chaque pensée est une modification de la conscience même. La conscience et la pensée s’interpénètrent et il n’y a plus place pour un instrument. La perception, la pensée ne pourraient subsister sans la conscience-témoin. Qui pourrait soustraire l’humidité de l’eau, la résistance de l’acier ? Ainsi l’Essence, la Conscience-Témoin et la Connaissance forment un tout indissociable.
C’est dans cette Conscience-Témoin que se manifeste de temps en temps le corps. Par habitude et manque de perspective, j’attribue au corps cette même autonomie que je prête aux objets. Ainsi, progressivement, je me crée la conviction d’avoir un corps bien réel, bien déterminé auquel je m’identifie de plus en plus. Cette matérialisation progressive est simultanément projetée sur un monde extérieur qui devient une immense scène sur laquelle tous les « moi, toi, nous » font vivre un corps soi-disant solide et réel. Le fait que c’est moi qui les matérialise, que ce sont mes sens qui font naître les formes, m’échappe complètement. L’esprit, la conscience ne vivent pas dans le corps, comme nous le pensons souvent, c’est le corps qui vit dans la conscience. Cette affirmation n’est pas gratuite, elle est d’ailleurs facile à vérifier. Ce que je connais du corps est une série d’impressions mentales. « Moi », j’en suis le témoin.
Il est très important de réaliser que le fait d’être témoin d’une série de pensées n’exige aucun acte de volonté, mais qu’il s’agit plutôt d’un témoignage gratuit.
Même celui qui est trop fatigué pour penser, pour regarder, pour courir… est aisément témoin de sa propre fatigue. Il ne pourrait en être autrement, puisque la conscience, l’essence, forme notre seul et véritable être. Tout comme l’eau est humide et ne doit faire aucun effort pour le rester, je suis à chaque instant conscience et le témoin de tout ce qui se présente.
La seule question qui pourrait encore surgir est la suivante : si connaître n’est pas une fonction, ne semble-t-il pas pour autant qu’il s’agit d’une action produite par ce témoin ? Ne pourrait-on pas dire que le témoin connaît, et ainsi qu’il y a dualité, qu’il s’agirait tout de même d’une fonction. La réponse est non : témoin et conscience ne forment qu’un.
Nous avons vu que les images-pensées surviennent spontanément dans la conscience, comme les vagues dans l’océan. Si l’on creuse la vague, on ne trouve que de l’eau, si l’on dépouille l’image de sa forme, on ne trouve que conscience. On y découvre ce Moi immuable qui n’est autre que cette même conscience, cette même essence. Arrivé à ce point où tout nous quitte, nous constatons enfin notre véritable identité. Dépouillé de toute forme, je retrouve enfin mon nom, mon visage : Moi. C’est le silence, l’absence, la plénitude. Le monde des formes surgit en moi, j’en suis témoin dans le rêve tout comme dans l’état de veille. Le corps, la personnalité, les perceptions sensorielles, les pensées, les sentiments, ne sont que des images irréelles en tant que telles. Je n’ai pas de corps, je n’ai pas de personnalité. J’en suis le témoin immuable, ou bien, en tant que conscience, je suis leur matière première.
Pour qu’une chose soit vraie, elle doit l’être toujours, partout et pour chacun d’entre nous. Les Upanishads nous le répètent maintes fois. Ce qui vient d’être exposé répond à cet impératif. Tout homme, qu’il soit bandit ou saint, est témoin de ses perceptions, pensées et sentiments. Il l’a toujours été et le restera toujours. C’est pourquoi il serait absurde de vouloir se transformer, se violer en vue de la réalisation. La sainteté et la vérité ne sont pas nécessairement solidaires ; l’exemple classique est celui de Valmiki, auteur du Râmâyana. Il fit une splendide carrière de brigand.
Que nous soyons voyou, artiste, ascète ou homme de science, nous respirons tous le même air et tout aussi facilement. Ainsi, la vérité est accessible à tous ceux qui veulent l’atteindre, quels qu’ils soient. « Rien n’est plus facile, plus clair, plus évident que d’être ce que l’on est, cet être dont la majesté est éprouvée par chaque homme, enfants et idiots y compris« . Voilà ce que nous apprend Shankara.
Il suffit de reconnaître ce moi unique, immuable et éternel dans chaque être pour trouver la voie immédiate vers ce Témoin que je suis. Et il suffit de s’identifier sciemment avec ce Témoin pour trouver, sans la moindre peine, la liberté immédiate et totale à laquelle tout notre être aspire.
Jnâna-yoga par Wolter A. Keers
(Revue Être. No 3. 1ère année. 1973)
3.
Bien que nous ayons les yeux grands ouverts, nous ne voyons rien aussi longtemps que nos pensées sont ailleurs. Absorbés par la lecture, nous n’entendons pas le bruit des voitures qui passent. Et lorsqu’une musique nous entraîne et nous enveloppe, nous ne voyons plus le papier-peint du mur que nous fixons, et toute autre notion, comme par exemple celle d’être assis sur une chaise, nous a complète­ment quittés. Celui qui croit que le monde existe réellement, indépen­damment de la conscience, devra certainement admettre qu’il n’existe pour moi que lorsqu’il est traduit dans les termes de la conscience, c’est-à-dire lorsqu’il est devenu idée, perception consciente. Et une perception consciente est quelque chose de mental, une manière de penser, une pensée tout court. En d’autres mots — depuis ma naissance jusqu’à ma mort — je ne connaîtrai le monde que dans les termes de mes propres pensées. Qu’un monde puisse exister indépendamment des pensées est quelque chose que personne n’a jamais expérimenté, que personne n’expérimente et que l’on n’expérimentera jamais. C’est pourquoi il est tout à fait absurde de vouloir prétendre qu’un tel monde existe.
Celui qui prétend posséder un cheval à douze pattes, qui est en outre invisible, doit probablement être considéré comme dément. Mais au fond, il n’est pas moins étrange de persister à dire qu’un monde que personne n’a jamais perçu et ne percevra jamais existe tout de même. La seule différence entre l’homme au cheval étrange et la plu­part des gens, c’est que le premier est seul, tandis que les autres parta­gent une même opinion.
Essayons de décrire un objet sans faire emploi des qualités sensorielles : c’est impossible. Un objet consiste en forme, son, goût, odorat et une certaine solidité. En supposant que nous ayons cinq autres sens, la rose qui fleurit dans notre jardin serait tout autre que celle que nous connaissons, sans aucun parfum ou couleur par exemple, mais avec un certain picotement de notre sens magnétique — sens qui nous est incon­nu bien sûr — mais qui pourrait éventuellement permettre une réaction avec les minéraux que la rose contient. Chaque fois que nous décrivons ou déterminons un objet, nous faisons emploi de nos propres sens ; de la rose même, rien ne nous est vraiment connu. La rose est comme le fond, la toile sur laquelle nos sens projettent des qualités de forme, de douceur, de parfum, d’éloignement du corps. Celui qui veut examiner ce que la rose est réellement, doit donc se demander quel est le fond de toutes ces qualités.
Le monde consiste en perceptions sensorielles et les perceptions sensorielles sont des pensées. La question qui en découle est donc : Qu’est-ce qu’une pensée ?
Il n’est pas très difficile de répondre à cette question. Celui qui prend le temps d’observer calmement ce qui se présente, constate que d’abord il n’y a rien (du moins en apparence), puis vient une pensée (celle-ci peut être une perception sensorielle, une image ou soi-disant une pensée abstraite), puis la pensée disparaît, et ce qui reste, c’est de nouveau rien. Mais les apparences sont toujours trompeuses. Rien ne pourrait jaillir du néant. Le néant exclut toute pensée. La pensée se manifeste donc dans la conscience, et non dans le néant. D’abord, il y a conscience sans forme. C’est dans cette conscience que se manifeste une pensée, puis la pensée se résorbe et ce qui reste c’est la conscience seule. Ce qui sépare deux pensées ou sentiments n’est donc pas le néant, mais la conscience même, qui n’est liée ni au temps, ni à l’espace. Cette reconnaissance est plus qu’importante. Nous sommes habitués à croire qu’il n’y a rien lorsqu’il y a absence de pensées ou de sentiments, nous croyons aussi qu’il n’y a rien dans le sommeil profond. Mais lorsque le monde disparaît, ce qui reste n’est pas le néant, mais la conscience, l’essence même. C’est pourquoi le sommeil profond ne se présente pas à nous comme un abîme noir et sans fond, un abîme qui nous fait peur ou dont nous avons horreur puisqu’il serait l’absence de nous-mêmes, la mort totale, mais bien au contraire, comme l’absorption dans la paix même.
Le sommeil profond est tellement essentiel que nous courons voir un docteur si le sommeil nous manque, et que nous nous réveillons à bout de forces après une nuit trop pleine de rêves.
Le monde n’est que pensées. Les pensées tout comme les vagues dans l’eau apparaissent dans la conscience, se manifestent un moment, et se résorbent à nouveau dans la conscience. Comme la vague qui n’est que de l’eau, la pensée n’est rien d’autre que « conscience », « essence ».
Pour revenir à l’exemple de la rose : nous avons vu que la rose qui fleurit dans notre jardin n’est rien d’autre que nos propres percep­tions sensorielles. Qu’est la rose en réalité ? Elle est le fond de toutes ces caractéristiques perçues, c’est-à-dire, ce qui supporte toutes ces qualifications, ces pensées, elle est donc la conscience même, l’essence même.
Dans le premier article de cette série, nous avons vu que cette essence est le vrai « moi ». Il est facile maintenant de voir que le monde qui inclut mon propre corps, mes sens, pensées et sentiments, n’est rien d’autre que l’essence (que je suis). Ou, l’on peut dire, je suis la « Conscience » grâce à laquelle le monde peut se manifester. « Je suis la lumière du monde » a dit le Christ, et « C’est grâce à la lumière de l’âtmâ que le soleil brille » déclare l’Upanishad.
Pour le profane, celui qui dit de telles choses peut sembler extravagant : ce n’est pas sans raison que grand nombre de ses con­temporains eurent horreur de Jésus, et qu’ils l’accusèrent de blasphémer. C’est d’ailleurs le cas pour certains autres. Shankara dit « Il n’est pas difficile de trouver la vérité, mais agir de façon à plaire à tout le monde est impossible ». Celui qui peut dire non en tant que person­nalité est uni à Dieu (synonyme de l’Absolu, l’Éternité, etc.) ; il est sans ego et, par conséquent, l’humilité même. Toute notre vie est une expérience ininterrompue, sur laquelle apparaissent et disparaissent, comme des vagues sur l’eau, une chaîne quasi infinie de pensées et de sentiments qui se manifestent et se dissolvent. Ce n’est qu’à cause de cette fausse identification avec le corps que je crée l’illusion que le corps et le monde « matériel » correspondant ont une existence durable. Mais au fond, ce corps n’est lui-même qu’une image qui apparaît de temps en temps pour de nouveau disparaître. Le corps, lui aussi, n’a chaque fois qu’une durée de quelques instants.
Celui qui est capable de cette reconnaissance et qui est en même temps apte à transposer son point de gravité du corps, des pensées et des sentiments vers cet arrière-plan qui en est la base, trouve immédia­tement et sans aucune difficulté la libération de tous liens, parce qu’il perd ainsi son identité avec la limitation. Il sait que la création, tout comme lui-même, est une forme de conscience. C’est ce qu’on appelle Libération ou Illumination.

mercredi 8 mai 2013

YOGA 2012/2013 - ST MAXIMIN LA STE BAUME - AUBAGNE - MARSEILLE - GARDANNE - NANS les PINS - BRIGNOLES - TOURVES - SEILLONS SOURCE D'ARGENS - AIX-EN-PROVENCE - JEAN ARACIL - PROFESSEUR DIPLÔ ME FFHY - 06 61 19 88 60 - jean.aracil@yahoo.fr

Siddharameshwar Maharaj


« Tout ce qui est perçu par le biais du mental et de l’intellect doit être dépassé.
Le monde matériel, lui-même produit d’une perception, autrement dit d’un concept, doit être transcendé.
Il ne restera plus alors que la conscience.
Mais cette conscience est elle aussi née de l’ignorance.
C’est à cause de l’ignorance que nous sommes conscients.
A l’origine, Vidyamaya, la connaissance-illusion, est une impulsion spontanée qui donne naissance à un concept en quelque sorte latent, manifesté sous une forme subtile.
Puis, lorsque ce concept revêt une forme objective, plus grossière, cette vidyamaya est transformée en avidyamaya, l’ignorance-illusion, qui, à son tour, donne naissance à ce que l’on appelle habituellement la connaissance objective.
La pureté, elle, est un état dans lequel n’existe aucune trace du sentiment « je suis le corps ».
Votre identification au corps n’aurait jamais eu lieu si l’intelligence ne s’était associée au physique.
Débarrassez-vous donc des pensées qui concernent votre corps, et de l’idée que vous êtes ce corps.
Alors la pure connaissance de votre Soi brillera dans toute sa splendeur, et vous-même en serez le témoin.

Atman, Brahman et Parabrahman

Quel que soit l’état que traverse votre corps, la veille, le rêve, ou le sommeil sans rêve, le Soi reste inchangé.
A l’état de veille, l’âme du mortel est appelée vishwabhimani atman, le Soi conditionné par le monde et qui en retire l’orgueil du « je ».
Dans l’état de rêve, l’âme est appelée tejas ; c’est le Soi lumineux.
Quand vous sortez du sommeil profond, vous devenez conscient de vous-même en tant que « je suis ». 



Cette conscience est naturelle et spontanée ; mais elle varie d’intensité selon les personnes et les moments.
Ainsi, parfois, vous ne savez pas où vous êtes quand vous vous réveillez. Mais presque aussitôt vous reprenez conscience de vous-même, au sens profane du terme ; vous concevez « je suis un tel, une telle ».
Cette conscience d’être quelque chose ou quelqu’un est la connaissance individuelle.
Quand vous vous réveillez, vous oubliez Paramatman, celui qui est au-delà de l’atman, au-delà du soi individuel.
Vous descendez ainsi du sat-chit-ananda (existence-conscience-félicité), c’est à dire du plus haut niveau de la conscience, au niveau le plus bas.
Une telle descente est naturelle et inévitable ; et elle se produit pour toutes les créatures.
Cette conscience, limitée par le corps, est appelée atman.
Mais dès que vous abandonnez votre identification au corps, votre conscience est Parabrahman et vous êtes transfiguré.
Vous devenez le Suprême, l’Absolu, celui qui est au-delà de Brahman.

De l’état d’observateur à la pure Connaissance

Aussi bien ce qui est expérimenté par les sens, que le mental et l’intellect, tout cela est non seulement éphémère et imprégné de souffrance, mais ce n’est pas vous, ce n’est pas réel.
Le Soi est le témoin de tout ce qui est vu par le mental.
Aussi considère-t-on que Turya, cet état de conscience dans lequel on a le sentiment d’être l’observateur, est supérieur aux trois états communs : le sommeil sans rêve, le rêve et l’état de veille.
Pourtant, même dans ce quatrième état, la dualité existe encore.
En effet, l’observateur reste celui qui voit, face à ce qui est vu. L’observateur et la chose observée sont tous deux présents. Il y a donc bien toujours dualité.
L’observateur n’est qu’une idée, un concept. Ce n’est pas la véritable Connaissance. Celle-ci ne peut être atteinte que dans l’état d’unité totale qui n’inclut rien qui serait autre.
En fait, tout état de conscience est altéré ; alors que Paramatman n’est affecté par rien.
Mais votre pur Paramatman s’est à présent transformé en un « je » particulier, imprégné d’ego ; et tant que vous échouez à comprendre que le monde matériel, dans sa totalité, est illusoire, l’ego persiste et vous reprenez naissance.
Oui, c’est l’ego qui est responsable de votre venue au monde, c’est lui, le « je » qui prend naissance.
Et dès que vous avez un corps, recommence le cycle du désir et de la peur, du « je » et du « mien »…
Bien que ce corps soit impur, Rama le Seigneur réside en lui.
Etant omniprésent, Il se trouve aussi dans l’impur, dans ce corps plein de désirs et de peurs.
Mais la présence du Seigneur n’empêche que vous ne trouverez la paix et n’atteindrez la Connaissance qu’en vous débarrassant du désir et de la peur.
Autrefois, les gens à l’automne de leur vie se retiraient de l’activité du monde profane et s’isolaient dans la forêt pour trouver la paix.
Isolez-vous avant qu’il ne soit trop tard, avant que la conscience qui est en vous ne fasse le saut final !

L’état naturel

L’aspirant doit toujours rester centré sur sa recherche, garder en lui l’étincelle vivante qui suffira à embraser le feu de la connaissance.
La Connaissance « je suis le Brahman » peut être atteinte.
Mais comment ?
Méditez sur le « comment peut-on être Brahman ? ».
Si vous y réfléchissez profondément, ce que vous trouverez sera vous-même, votre Soi.
C’est un exercice qui vous sera grandement bénéfique.
Le fait que vous vous soyez oublié est l’obstacle que vous devez surmonter par la réflexion et la méditation.
La connaissance s’ensuivra automatiquement.
Alors vous serez définitivement transformé, uni à jamais au Soi.
Le mental n’existe qu’en présence de changement ; sinon, il n’y a pas de mental, ou plutôt pas de mouvement, de séparation, dans le mental.
La connaissance est atteinte lorsque l’on a exploré et compris l’origine des êtres… puisque cette origine réside dans la connaissance elle-même.
La connaissance est l’origine du monde, mais vous ne pouvez l’acquérir que lorsque vous vous immergez totalement dans l’état naturel.



« L’état naturel est le summum
« Méditation et pratique viennent ensuite,
« Vaine est l’adoration de l’idole, et
« Le pèlerinage est ce qu’il y a de plus bas ».

Le Soi est le tout-puissant

Lorsque la connaissance est atteinte, vous transcendez l’espace.
Autrement dit, quand vous retrouvez l’origine des êtres, vous n’êtes plus limité par l’espace.
Vous comprenez alors la nature de votre Soi, car vous êtes vous-même sous la forme de la connaissance du Soi.
C’est grâce au Soi que vous pouvez connaître.
« Dieu m’est redevable, à moi, le Soi, de sa nature divine qui est ma propre expression.
« La pluie également tient sa propriété intrinsèque de moi, le Soi ».
C’est Lui aussi qui anime le corps. Si votre jambe peut se mouvoir, c’est grâce à Lui.
Ainsi, le Soi est le tout-puissant, il est Dieu.
L’humain – en qui le Soi demeure – est investi du pouvoir absolu de qualifier et de mesurer tout ce qu’il perçoit.
Il ne tient qu’à lui également de considérer ce qu’il voit comme vrai ou faux.
S’il se concentre sur ce qui est irréel, il en sera profondément affecté car le monde illusoire revêt un masque de réalité.
Mais si, au contraire, il se concentre sur ce qui est vrai, il se focalisera automatiquement sur le tout-puissant sans même le savoir, et le rencontrera inévitablement. 




« Le tout-puissant demeure à l’intérieur.
« Si vous le cherchez ailleurs,
« Vous vous trompez de chemin,
« Vous vous égarez », dit Dnyanadeva.
Il demeure dans le Cœur de chacun, Il est en tous.

Retourner à la source

Quand on a la compréhension de soi-même on devient omniscient et éternel.
C’est alors seulement que l’on a la connaissance de la création de l’univers, de son équilibre et de sa destruction.
Nous comprenons le tout car nous sommes alors la connaissance elle-même.
Nous expérimentons que nous sommes la manifestation de la connaissance.
Quand notre être profond, notre existence, brille de la connaissance, notre suffisance vole en éclats. Le sens aigu de notre importance est réduit à néant.
Au temple nous tournons autour de la statue de Shiva dans l’intention de plaire à la déité et de nous élever jusqu’à elle pour parvenir à l’état de Shiva.
Dans le sens des aiguilles d’une montre nous faisons tout d’abord la moitié d’un tour, puis nous revenons sur nos pas à notre position initiale et nous continuons dans le même sens jusqu’à ce que l’autre moitié soit parcourue.
Enfin nous revenons encore à la position initiale.
Ceci est bien entendu symbolique : parcourir la moitié d’un cercle dans le sens des aiguilles d’une montre signifie œuvrer pour atteindre le but de la connaissance.
Mais finalement cette connaissance doit aussi être éliminée de manière à ce que l’ego ne puisse resurgir, c’est la signification du parcours de la deuxième moitié dans le sens inverse.
Le tour complet de Dieu signifie que la créature mortelle est transfigurée en Shiva immortel.

Vous êtes le Soi

Dans la pratique le Maître explique toute chose mais vous devez vous abandonner à lui.
Acceptez et pratiquez ce qu’il vous dit, la connaissance de soi s’ensuivra automatiquement.
Cette connaissance a, malgré tout, des réminiscences d’ego qu’il faut éliminer complètement.
C’est alors, seulement, que vous êtes transfiguré en Shiva, l’immortel.
Le soleil ne sait pas quelle heure il est, si c’est le matin, l’après-midi ou le soir, il ne sait même pas ce qu’est un jour.
C’est nous qui l’avons décidé et de plus nous l’avons déterminé en fonction de notre tête ! Midi c’est le moment de la journée où le soleil est juste au-dessus de notre tête.
Mais le soleil n’est pas limité par le temps, tout comme Brahman n’est pas limité par l’espace.
Brahman ne peut être défini en termes d’espace, il n’appartient à aucun lieu en particulier, il est omniprésent.
Il est plus petit que la plus petite des choses et plus grand que la plus grande !
Il est parfait et se suffit à lui-même, mais ce que vous êtes réellement est antérieur au Brahman et le dépasse infiniment.



« La créature mortelle qui appartient au monde est une partie de moi, le Soi immortel », dit la Bhagavad Gîta, « c’est parce que je suis, que le mortel existe, il m’est redevable, à moi, le Soi, de tous ses pouvoirs ».
L’impulsion de son pouvoir limité vient du pouvoir illimité du Soi.
D’où la mangue tient-elle ce goût si suave si ce n’est du Soi ?
Dès que vous comprenez et expérimentez que vous êtes le Soi, le sentiment d’être ceci ou cela s’évanouit totalement.
Le Soi est altéré lorsqu’il revêt la forme mortelle.
Les premiers pas sur le chemin spirituel débutent par la répétition du Naam mantra donné par le maître.
Au sens littéral naam signifie : je (l’ego) ne suis pas (Na : négation ; aham : je).
Le maître nous donne un mantra tout en nous expliquant que « je n’existe pas ».
De cette source jaillira la vérité ultime.

Réaliser que tout est irréel

Si le Soi n’illumine pas l’intelligence de l’homme, il reste dans l’ignorance.
Celui qui s’immerge totalement en Dieu est le véritable dévot, la séparation entre le je et le vous est illusion.
Si vous rencontrez le guide qui vous dévoile la nature éphémère et futile du désir pour les choses du monde, vous réaliserez que l’existence mondaine est sans valeur.
Vous serez alors détaché.
Qu’est-ce que le détachement ?
C’est le sentiment que tout, du plus insignifiant comme une brindille d’herbe par exemple, jusqu’au créateur lui-même, le seigneur Brahma, est irréel.
Vénérez le Soi comme la femme dévouée vénère son mari. Ne vénérez rien ni personne d’autre ou cela vous conduira à l’infidélité et votre vénération sera feinte.
Le septique se demande toujours comment le divin Brahman peut être identique à l’individu limité et mortel.
L’ignorant est en proie à ces doutes qui envahissent son esprit et il finit par conclure qu’il est impossible que le Brahman s’avilisse en devenant une créature mortelle.
Pour corriger cette notion erronée vous devez écouter attentivement la parole spirituelle et y réfléchir profondément.
Votre intérêt pour la parole du Maître doit être si intense qu’il en devient une obsession, et votre pratique également doit être soutenue.
C’est alors seulement que l’expérience suivra.
Le Maître opère un changement radical, une transformation incroyable de notre condition misérable de mortel (jiva) en Shiva immortel.
Il nous élève à un état supérieur.
Vous êtes affligé d’une maladie, puisque vous avez oublié votre véritable nature, c’est la maladie de l’existence mondaine.

Je ne suis pas le corps

Il y a deux obstacles majeurs à votre progrès spirituel.
C’est tout d’abord la notion d’impossibilité : « je ne peux pas être le tout puissant, c’est impossible, impensable que je puisse être le Soi ! ».
Le deuxième obstacle est l’idée bien ancrée que je suis le corps : « comment est-ce possible que tout d’un coup je ne sois plus le corps ? ».
Pour vous aider à atteindre l’océan de félicité et vous immerger en lui, le Maître a élaboré une méthode en trois phases :
FlechesDroite32x32-004 Pramata (l’aspirant, le sujet connaissant) : Celui qui cherche une preuve.
FlechesDroite32x32-004 Prameya (l’objet de connaissance, la théorie) : L’hypothèse « je suis Parabrahman » doit être prouvée par la réalisation de soi.
FlechesDroite32x32-004 Pramana (la preuve) : Vous devez ici vous défaire des deux phases précédentes qui, maintenant, deviennent illusoires.
La seule méthode que l’on doit suivre pour obtenir une preuve consiste à écouter la parole spirituelle et à la méditer profondément jusqu’à l’obsession.
Être obsédé par sa recherche est le signe d’un désir intense d’atteindre la réalité finale.
Répétez « je ne suis pas le corps », des centaines de fois ! La répétition d’un acte de nombreuses fois finit par le rendre naturel car, comme vous le savez, l’habitude est une seconde nature.
Vous serez alors totalement possédé par le désir intense de l’expérience directe ; d’expérimenter le Soi par vous-même.
Quand l’obsession pour le Soi est telle, l’expérience est sûre de se produire, vous avez alors accès à la perception « directe ».
Mais vous êtes dévoré par l’inquiétude et le tourment qui vous harcèlent sans relâche pour la seule raison que vous vous êtes identifié au corps.
Les cinq éléments qui constituent le corps ont aliéné le Soi, ils doivent être maîtrisés.
Laissez le sentiment « je ne suis pas le corps » grandir en vous.
Avant de manger un fruit vous le pelez, c’est l’intérieur que vous consommez, mais quand il s’agit du fruit de l’homme vous ignorez totalement son cœur pour ne vous concentrer que sur l’apparence extérieure, le corps grossier.
Abandonnez l’orgueil que vous nourrissez pour ce corps et cherchez qui vous êtes avec détermination et persévérance en éliminant au passage tout ce que vous n’êtes pas.

Se libérer du mental

Votre mental et vos désirs font obstacle à la recherche de votre véritable nature.
Le mental n’est qu’une accumulation de mémoire qui concerne les expériences passées et le désir consiste à entretenir leur souvenir dans l’espoir d’en jouir encore et toujours.
Pour vous libérer du mental vous devez le réorienter vers le Soi, en détournant votre attention des désirs.
Quand le but du mental est pur, il devient pur lui-même.
C’est le seul remède pour se libérer du mental.
Vous n’atteignez le détachement que lorsque votre attitude est ferme envers les désirs et votre attention réorientée du désir vers le Soi.
C’est seulement lorsque vous vivez dans la constante félicité du Soi que plaisirs et douleurs ne vous affectent plus. 



Lorsque l’on dit que le seigneur Rama prend forme dans la matrice de sa mère Kaushalya (la dextérité), cela signifie que Rama, le Soi, s’épanouit en ceux qui écoutent attentivement les conseils du Maître et les appliquent avec justesse et dextérité à la réalisation de soi.
Alors que les objets excitent les sens, l’Atman (le Soi) pressent que le plaisir est dans leur sillage.
S’étant oublié lui-même, il est stimulé dans leur poursuite par le désir de les posséder.
Le Soi qui, par nature est pur, se cristallise en concepts et convictions qui le rendent impur, il prend alors la forme du mental.
Ces désirs ne sont que concepts conçus par le Soi via le mental.
Ainsi le mental et les pensées qu’il produit ne sont que le Soi.
Ayant produit ces pensées, le Soi se lance à leur poursuite.
Le Soi est appelé pur avant que les concepts ne surgissent, mais dès qu’un concept jaillit, on l’appelle « mental ».

L’éveil

Puisque les « dix sens » sont à l’origine de cette déviation du Soi, ils doivent être vaincus, et pour cela vous devez être le seigneur Rama, le vainqueur de Ravanna, le monstre à dix têtes (les dix sens).
Le Seigneur Rama est omniprésent, il embrasse l’univers entier, il est le tout-puissant, l’origine même de tous les pouvoirs.
Il prédomine parmi les dieux, il est Atmaram, celui qui se réjouit en lui-même, le Soi.
De lui s’élève le pouvoir imaginatif qui prend spontanément la forme de concepts qui, à leur tour, vont le distraire et le divertir.
Son attention est alors captivée par les concepts et détournée de lui-même.
Dès que son attention est divertie les concepts arrivent au galop, et d’Atmaram il devient l’Atman altéré, absorbé dans le processus des concepts.
Ces derniers prolifèrent et enveloppent le Soi pour le recouvrir.
Le Soi est désormais défini comme « mental ».
Les concepts ont alors une forme définie.
Le monde illusoire est né.
Ainsi le monde perçu et vécu par l’ignorant n’est que l’extension de l’imagination projeté par le Soi. C’est une illusion, un simple vagabondage du Soi, rien de plus.
Dans le processus de développement du mental, le Soi commence à imaginer les sens et, peu à peu, ces fantasmes se cristallisent en convictions.
Maintenant, seul un grand bouleversement pourra rétablir le Soi et permettre de passer au crible du discernement sa production fantasque.
Ce grand bouleversement est appelé « éveil », ce qui signifie se rappeler de soi-même.
Ainsi, celui qui comprend que le monde est illusion est le conquérant du monde.
Il est Dieu, le tout-puissant, le vainqueur, ou tout autre nom que vous choisissez pour lui.
Dans les Puranas, le mental est symbolisé par le personnage de Narada, un grand sage, dévot de Vishnou.
Il provoquait habilement toutes sortes de situations pour convaincre l’homme de prendre le chemin de la dévotion, l’aidant ainsi à atteindre la réalisation de soi.
C’est par un manque singulier de discernement que le Soi (atman) se tourne vers le royaume des concepts.
Des ondes de concepts s’élèvent alors dans le Soi.
C’est ainsi que naissent les désirs.
Tandis que nous sommes concentrés sur la gratification des désirs, vague après vague les concepts surgissent et nous noient dans l’illusion.
Ainsi le Soi est limpide et paisible lorsqu’il n’est pas altéré ni obscurci par les effluves des concepts que l’on appelle mental.
L’atman altéré est le mental. »

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