dimanche 29 juillet 2012

Ne rien faire avec Christiane Singer

Leçon de chose
Décor : une fenêtre ouverte peut suffire - un banc de square, mieux encore : la forêt.



S’immobiliser. Stopper la toupie verbale qui entraîne notre esprit dans sa giration obsessionnelle.

Se taire passionnément. Et chaque fois qu’une association de pensées se faufile, s’immisce dans une fêlure de notre attention, la rejeter impitoyablement.



Ne rien faire, ne rien déranger.



Dériver.

Assise sur un rocher, je laisse le froid visiter l’épaisseur de mes jupes.
Me traversent le crissement et les bruits, l’odeur de la terre.

Suspension. Pointe aiguë. L’envie de crier.

Soudaineté de la perfection.



Je n’écoute pas. Les sons me recouvrent comme un lichen.

Je ne regarde pas. Les branches et leurs ombres poussent dans les yeux ouverts.

Je ne respire pas. Un souffle régulier m’habite et me scande.

Je ne flaire pas. Les odeurs m’enfouissent au ventre leurs rhizomes.



Absence et suspension.

Où allais-je chercher l’aventure. ?



Une escapade semblable permet au moins deux découvertes : en ne faisant rien, celui qui n'a rien fait a déjà fait beaucoup; et ce qu'il faut à l'homme pour aller au bout de ses rêves et de ses possibilités n'est rien d'autre que ce qu'il a déjà : son corps.


Dès lors, tout s'éclaire. Ce que la méditation a de si suspect pour l'ordre social et économique, c'est qu'elle nous apprend à nous mouvoir ailleurs, dans un univers dont les richesses innombrables échappent aux circuits monétaires et marchands.
http://chronophonix.blogspot.fr/

vendredi 13 juillet 2012


Yoga et Ecoute part en vacances jusqu’à fin Aout pour ne rien faire, ne rien dire, ne rien penser





"C’est une simplicité, la vie. Simple. La paix. Il n’y a rien de compliqué. Essaie de ne pas faire plus que ce que tu peux. N’essaie pas de faire plus pour le bien de quelqu’un, tu n’arriveras jamais à ce que cette personne soit bien. Tu vas te brûler, tu peux même en arriver à la dépression. On n’a pas de solution. Qui a la solution ? Comment les choses devraient-elles être ? Tous les problèmes sont créés par ce cerveau. C’est nous-mêmes qui les créons. A la maison, dans le travail, partout.

Alors qu’est-ce que la vie ? C’est la vie. Ce que tu sens, c’est la vie. Ce qu’elle n’était pas avant, elle est maintenant. Je ne cherche pas la cause, je ne me tracasse pas, il n’y a pas de mystère ni de secret, il n’y a rien à découvrir. Quand tu marcheras dans la rue, si tu peux sentir comme ça une sensation du corps…Sentir ton corps, mais sans penser. Juste une sensation. Quand tu regardes dehors, regardes sans juger, sans rien attendre. Si tu sens bien ce corps, tu va voir ce qu’il va te répondre. Tu regarderas dehors et tu verras la vie. Il n’y a rien à dire, rien à faire."

VIRGIL 1935-2012

mardi 10 juillet 2012

Nathan Gill

LA VIE SPIRITUELLE

La vie spirituelle n'a pas vraiment de pertinence avec la lucidité.

La vie spirituelle se présente comme partie de la pièce de théâtre de la vie, mais devient souvent confuse comme une condition préalable à la lucidité du fait que ce qui apparaît dans le jeu est l'évolution de l'individu au travers d'étapes progressivement «supérieures» ou plus élevées.

Le personnage ordinaire, occupé par les les affaires habituelles de la vie humaine, peut s'intéresser à la religion ou au développement personnel.


Il pourrait y avoir un basculement vers la vie «spirituelle» et peut-être un intérêt à la non-dualité de Advaita.


Cette progression n'est pas nécessaire pour qu'apparaisse la lucidité. Elle pourrait apparaître à tout moment et a n'importe quel personnage de la pièce. Aucune des différentes parties ou étapes du jeu de la vie n'ont la capacité d"amener a la lucidité.


La lucidité naît spontanément de son propre chef. La Conscience devient consciente d'elle même dans et en tant que jeu de la vie. La connaissance de l'Advaita n'a pas plus de pouvoir a créer les conditions pour l'apparition de la lucidité que toute autre partie de la pièce.


La vie spirituelle voit l'individu comme séparé de sa nature Consciente, et a comme objectif de les réunifier.


Comme moyen pour atteindre cet objectif de ré-unification, une gamme de techniques exotiques et méthodes ont été formulées pour «purifier» l'individu, pour se débarrasser de l'ego, pour calmer l'esprit et les émotions, etc


Le point fondamental a cote duquel on passe à chaque étape de la quête de l'individu est que l'individu - joué par vous, qui êtes conscience - est déjà ce qu'il cherche. Or Rien ne definira le chercheur plus que ce qu'il ou elle est déjà.


La recherche et toutes les méthodes et les techniques employées, n'ont pas plus de raison d'être la n'importe quelle autre partie de la pièce. Elles adviennent d elles même comme partie de la pièce.


La lucidité peut survenir chez n'importe qui, n'importe quand sans "qualifications" spirituelle.


La conscience sous la forme d'une personne assise dans une posture du lotus, visualisant une lumière violette dans ses organes génitaux, respirant l'univers a travers le plexus solaire, chantant "Om" et remontant la colonne vertébrale entouré de mille pétales de lotus, n'a pas plus de chances de ré-unification, que le drogué dans le ghetto. La conscience est déjà parfaitement présente dans les deux cas donc aucune réunification n'est nécessaire ou possible.


La vie spirituelle impose beaucoup de conditions a la personne «impure» et «séparée».  Des méditations spéciales, des comportements appropriés, des cérémonies, des régimes alimentaires, des comportements sexuel, la destruction de l'ego, la cessation de la pensée, la recherche du silence, en reddition au gourou, etc


La conscience, déjà conscience d'être sous n'importe quelle forme, n'a pas besoin d'une alimentation végétarienne, du célibat, de la sexualité tantrique, de la méditation ou d'un gourou. La conscience est déjà toutes ces choses. Si vous aimez chanter, méditer, manger la nourriture végétarienne, ou pratiquer le sexe tantrique, alors très bien. Cela ne vous aidera pas à réaliser ce que vous êtes vraiment.


L'attention de l'individu pourrait se focaliser sur des royaumes ou des plans exotiques, voir la création continue et la dissolution de l'univers à l'échelle atomique et expérimenter l'union extatique éternelle cosmique de Shiva et Shakti.

Mais, a votre retour, n'oubliez pas d'aller au travail lundi, de payer la facture d'électricité et de nettoyer les toilettes.

Vous - Conscience apparaissez dans votre jeu en tant que personne jouant les rôles des enseignants, des maîtres ou des gourous. Dans certains cas, la personne peut avoir eu une expérience transcendantale qu'elle se produise encore, et que l'individu estime que ce soit son «illumination».


Si la personne qui suivait déjà un gourou ou un enseignement particulier, il est probable que les croyances et les méthodes qui semblait conduire à l'expérience transcendantale - son «illumination» - va maintenant être transmise aux adeptes de l'individu comme étant «la vérité ».


Certains de ces «enseignants» peuvent même avoir la capacité d'induire des expériences inhabituelles au disciple via la transmission d'énergie qui consiste souvent en une forte attirance pour le disciple.


Il n'y a rien de mal à tout cela. Tout cela est la perfection de la pièce, Continuez la dedans. Prenez plaisir a tout cela. Rien de tout cela mène à la lucidité.



http://tony.metawiki.com

samedi 7 juillet 2012

MONKO

Ce qui vu :
Dans la libération, tout est libération ; dans l'Être, tout est Être ; dans l'unicité, tout est unicité.
Dans la libération, il est clairement vu qu'il n'est personne qui ne soit libéré, personne à libérer ni personne qui ne fut jamais prisonnier.
Dans la libération, il n'est plus d'intérieur ni d'extérieur ; il n'est plus de quand, de où, de comment, de pourquoi, d'ici, de là-bas.
Dans la libération, la dualité apparaît, et il est vu que "apparaît" a la même racine qu'"apparence" ; et l'apparence est l'expression, la "preuve" et la célébration de l'Un.
Dans la libération, il n'est plus ni passé, ni futur, ni présent, et plus rien qui ne soit conditionné. Tout est inconditionnel.
Dans la libération, il est vu qu'il n'y a pas quelque chose plutôt que rien ni rien plutôt que quelque chose. Il n'est pas de "plutôt". Rien surgit en tant que quelque chose et brille en son sein. La multiplicité est ce par quoi l'unicité se rend évidente.
Dans la libération, l'amour inconditionnel est vu comme l'essence de toute chose.
Dans la libération, le monde, le corps et le mental sont vus comme existant et non existant, réels et irréels exactement en même temps.
Dans la libération, tous les qualificatifs tels que personnel et impersonnel ne font plus sens.
Dans la libération, il n'est plus vraiment d'état d'observateur, d'état de témoin.
Dans la libération, il est vu que "je" ne suis pas l'Un car il n'est que l'Un.
Dans la libération, il n'est plus rien de spécial à observer et il ne se passe plus vraiment rien. Et en ce "rien" surgit la vie dans toutes ses potentialités, ses modalités. Ce qui surgit en l'unicité est l'expression de Ce qui ne surgit jamais, de ce qui ne va ni ne vient, de ce qui n'est jamais en activité ni au repos. Aussi "ne surgit pas" est l'essence de ce qui surgit, apparemment.
Dans la libération, absolument inconditionnelle, tout ce qui surgit, apparaissant comme restriction, limitation, ego, tout ce qu'on veut, est libération, amour inconditionnel.
Dieu brille parfois par sa présence, parfois par son absence...
La libération n'a rien à voir avec la sagesse, la spiritualité, le bien, la vérité, etc. ; mais tout cela se révèle parfois en son sein.

mercredi 4 juillet 2012

 http://yog.lavie.over-blog.com/

Il y en a qui yamaniyamisent du matin au soir et il y en a qui se fichent des yama-niyama.
 
 
Il y en a qui occupent une heure de yoga avec trois postures et il y en a qui enchaînent soixante postures à la demi-heure.
 
 
Il y en a qui inspirent de bas en haut et il y en a qui inspirent de haut en bas.
  
Il y en a qui se dopent au kapâlabhâti et il y en a qui, au bout de cinq respirations, prennent un air de héros fatigué.
  
Il y en a qui méditent à l’aube, d’autres le soir, certains tournés vers l’est, certains tournés vers eux-mêmes, et d’autres qui ne méditent pas du tout, et d’autres qui croient méditer.
  
 Il y en a qui s’ennuient en méditant et il y en a qui ne savent pas qu’ils s’ennuient en méditant.
  
Il y en a qui beuglent des mantras, d’autres qui bricolent dans le tantra, d’autres qui dessinent des yantras, et d’autres qui confondent mantras, tantra et yantras.
 
Il y en a qui savent le sanskrit, d’autres qui font croire qu’ils savent le sanskrit et d’autres qui s’imaginent qu’en Inde tout le monde parle sanskrit.
 
Il y en a qui sont allés en Inde, je veux dire dans un ashram en Inde, et d’autres qui ont peur d’aller en Inde, des fois que l’Inde ne ressemble pas à l’Inde.
 
Il y a des gouroulogues, des gourouphones, des gourouphiles, des gouroulâtres, des gouroulacariâtres, des gouroumaniaques, des gourouphobes, des gouroupathes, des gouroucides, des gourouphages, et il y aurait même encore quelques gourous.
 
Il y en a qui ont lu les Yoga-sûtra et qui regardent de haut ceux qui n’ont pas lu les Yoga-sûtra. Il y en a qui font semblant d’avoir lu les Yoga-sûtra, d’autres qui en ont lu un résumé. Et il y en a qui les confondent avec les Kâma-sûtra.
 
Il y en a qui sont pour les écoles — écoles du nord, écoles du Sud, écoles du Nord-ouest, du Sud-sud-ouest, Cachemire du XIIe siècle, Bihar du XIVe, tantrisme sikh, jaïnisme de la Main gauche… — et d’autres qui sont contre les écoles (à bas les systèmes, vive la spontanéité !) et d’autres qui disent que toutes les écoles se valent, tout est dans tout n’est-ce pas, et ceux qui changent d’école tous les deux ans et ceux qui ne supportent pas qu’on change d’école.
 
Il y en a qui ont six chakras, dont trois ouverts, et d’autres sept, quatorze ou soixante-quatre, et tous ouverts, ou bien alternativement, et puis qui peuvent ouvrir les chakras fermés des autres, ou bien fermer leurs chakras ouverts, attention pas de fausse manœuvre. Et puis il y a les malheureux qui n’ont jamais senti en eux le moindre chakra et n’osent pas l’avouer, sauf quand ils font un rebirth.
 
Il y a ceux qui combinent yoga et rebirth, yoga et psychanalyse, yoga et karaté, yoga et poterie, yoga et chasse à courre.
 
Il y a ceux qui ne cuisinent qu’au ghee, qui mastiquent cent huit fois leurs graines hypercomplètes ou bien qui les avalent le plus vite possible, bon débarras, il y en a qui jeûnent et qui le font savoir, qui se purifient et vous le font sentir, qui craignent plus que tout de se réincarner en cochons. Et puis ceux qui mangent des côtes de bœuf en cachette et s’envoient un coup de rouge en se demandant avec une angoisse délicieuse si cela alourdira leur karma.
 
C’est que oui-da il y a des obsédés du karma comme il y a des fanas du mûla-bandha, des fondus de l’uddiyâna, des frappés de jâlandhara, des forcenés de la bhastrikâ, de vieux babas enragés de mudrâs, flottant dans le samsâra et dans l’odeur du gañja

Comme il y a des yoginîs fumeuses de bidis, frétilleuses de la kundalinî, expertes en nauli, friandes de samâdhi, goûteuses d’amaroli, virtuoses en sahajolî, qui se font appeler Shakti lorsqu’elles s’unissent à leur Shiva, le samedi soir après le yoga, pour faire maithuna, yab-yum et youp-la-la.
 
(Mais il y en a tant d’autres qui voudraient bien savoir à la fin ce que c’est que maithuna, et cela les énerve.)
 
Oui, et ainsi va le samsarâ, et vive Mâyâ qui n’existe pas, si l’on en croit Gaudapâda, il y a des hommes qui se prennent pour des yogis, il y a des femmes qui se prennent pour des yoginîs, il y a des souris et des hommes, des souris et des yogis, et puis,
 
Shiva-Pârvatî soient loués, il y a des hommes et des femmes qui ne se prennent pour rien, et que le yoga prend dans ses bras et porte doucement, tendrement, et emporte, vers là-bas, qui déjà est ici, et c’est si beau alors et c’est si simple, le yoga."
 
   Pierre Feuga (extrait de "Fragments tantriques")