Qu’est ce que vivre ?
Il ne faut pas s’accrocher aux alternatives en se disant qu’elles
vont changer la société. La société changera quand la morale et
l’éthique investiront notre réflexion.
Chacun doit travailler en profondeur pour parvenir à un certain
niveau de responsabilité et de conscience et surtout à cette dimension
sacrée qui nous fait regarder la vie comme un don magnifique à
préserver. Il s’agit d’un état d’une nature simple :
J’appartiens au mystère de la vie et rien ne me sépare de rien.
Je suis relié, conscient et heureux de l’être. C’est là que se pose la question fondamentale :
Qu’est-ce que vivre ?
Nous avons choisi la frénésie comme mode d’existence et nous
inventons des machines pour nous la rendre supportable. Le temps-argent,
le temps-production, le temps sportif où l’on est prêt à faire exploser
son cœur et ses poumons pour un centième de seconde… tout cela est
bien étrange.
Tandis que nous nous battons avec le temps qui passe, celui qu’il
faut gagner, nos véhicules, nos avions, nos ordinateurs nous font
oublier que ce n’est pas le temps qui passe mais nous qui passons.
Nos cadences cardiaques et respiratoires devraient nous rappeler à
chaque seconde que nous sommes réglés sur le rythme de l’univers.
L’intelligence collective existe-t-elle vraiment ?
Je l’ignore mais je tiens pour ma part à me relier sur ce qui me
parait moins déterminé par la subjectivité et la peur, à savoir
l’intelligence universelle. Cette intelligence qui ne semble pas chargée
des tourments de l’humanité, cette intelligence qui régit à la fois le
macrocosme et le microcosme et que je pressens dans la moindre petite
graine de plante, comme dans les grands processus et manifestations de
la vie.
Face à l’immensité de ce mystère, j’ai tendance à croire que notre
raison d’être est l’enchantement. La finalité humaine n’est pas de
produire pour consommer, de consommer pour produire ou de tourner comme
le rouage d’une machine infernale jusqu’à l’usure totale.
C’est pourtant à cela que nous réduit cette stupide civilisation où
l’argent prime sur tout mais ne peut offrir que le plaisir. Des
milliards d’euros sont impuissants à nous donner la joie, ce bien
immatériel que nous recherchons tous, consciemment ou non, car il
représente le bien suprême, à savoir la pleine satisfaction d’exister.
Si nous arrivions à cet enchantement, nous créerions une symphonie et
une vibration générales.
Croyants ou non, bouddhistes, chrétiens, musulmans, juifs et
autres, nous y trouverions tous notre compte et nous aurions aboli les
clivages pour l’unité suprême à laquelle l’intelligence nous invite.
Prétendre que l’on génère l’enchantement serait vaniteux. En
revanche, il faut se mettre dans une attitude de réceptivité, recevoir
les dons et les beautés de la vie avec humilité, gratitude et
jubilation.
Ne serait-ce pas là la plénitude de la vie ?
Pierre Rabhi
Source : http://ventdeveil.blogspot.ca/
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