mardi 31 décembre 2013

ADVAITA | un mot Sanskrit qui signifie " pas deux "
L’Advaita, une des six écoles de la philosophie hindoue orthodoxe, est considérée comme étant une branche de l’école dominante et la plus influente de toutes celles du Vedanta. Advaita signifie " non-dualité " et fait aussi référence à " la fin des Védas ". La première personne à en consolider les principes de façon explicite était Adi Shankaracharya au VIIIè siècle, alors que le propagateur historique de l’Advaita était Gaudapada [grand Guru de Shankara]. Au VIIIè siècle, Gaudapada rédigea le tout premier traité systématique disponible sur l’Advaita intitulé Mandukya Karika ou Gaudapada Karika.





L’Advaita Vedanta déclare que seule existe la Réalité une et immuable [Brahman] et que les entités changeantes ne possèdent pas d’existence absolue tout comme les vagues ne peuvent pas exister en dehors de l’océan. Les vagues s’élèvent dans l’océan, et il n’est pas de vagues sans océan. De la même manière, le monde éphémère émerge momentanément au sein de la Réalité et Lui doit son existence. Le monde n’existe pas indépendamment de la Réalité, c’est pourquoi on dit qu’il est irréel. Tout comme un cygne vit sur l’eau mais ses plumes ne sont jamais souillées par l’eau, de même un Advaitin vit dans le monde sans être touché par l’illusion du monde.
L’enseignement principal de l’Advaita est qu’il n’est pas de dualité ; qu’elle soit dans l’état de veille ou de rêve, la pensée se meut dans l’illusion. L’ignorance dissimule la vérité qu’il n’est pas de devenir et que l’individu n’existe pas, si ce n’est comme figuration temporaire de notre Soi véritable [Atman] ou " je " véritable. Contrairement à l’expérience perceptible, le Soi n’est pas une expérience de l’individualité mais une pure conscience qui englobe tout et qui est au-delà de la connaissance. Il est éternellement présent et toujours expérimenté, cependant on n’est conscient de ce qu’Il est vraiment que lorsque les tendances restrictives du mental ont cessé. Sa nature est non-duelle, un sans second, et n’est pas différente de la Réalité, le substrat absolu de tout ce qui existe. Le mot " Advaita " fait essentiellement référence à l’identité du Soi et de la Réalité.
La nature de la réalisation du Soi est celle de l’expérience directe transcendant les perceptions et notions sans exception ; elle ne sera gagnée qu’une fois la croyance en la réalité du monde dissipée. L’illusion de la dualité, qui se manifeste en tant que notions d’un ego, d’un mental, d’un corps et d’un monde objectivé en est entièrement absente. Les fausses notions seules constituent l’illusion. La seule chose qui empêche la conscience du Soi est le sentiment d’être une personne individuelle. Si ce sentiment d’identité individuelle est transcendé, vous saurez que vous êtes le Soi et que votre nature véritable est être-conscience-félicité. L’être demeure en lui-même, la conscience se connaît elle-même et la félicité repose en elle-même. Seul le Soi est, et il se connaît lui-même par lui-même.
L’aspirant doit être pourvu d’un intense désir de libération. Ayant discerné ce qui est éternel et la source de bonheur, il doit demeurer non-attaché à tout ce qui est transitoire, tout ce qui est mutable, tout ce qui est simple phénomène temporaire, tout ce qui dépend des sens, tout ce qui dépend du mental et tout ce qui dépend du soi individuel pour être connu ou expérimenté. L’aspirant doit aussi être pourvu du pouvoir de discernement et doit adopter l’investigation de la nature réelle du Soi. Il doit discerner le Réel de l’irréel de façon à réaliser que le Réel est à jamais, et que l’irréel n’est jamais apparu. Il lui faut considérer tout ce qui est transitoire, changeant, objectivé, composé de parties, sporadique ou dépendant comme étant irréel. Il doit réaliser que cela qui est éternel, immuable, non-objectivé, indivisible et sans parties, continuel et non-dépendant est la Réalité impérissable. Tout comme une rivière cesse de couler après s’être déversée dans l’océan, la personne perd tout mouvement après s’être fondue dans le Soi. Abandonnant autant les notions d’externe, qui donnent naissance à l’apparence du monde, que les notions d’interne, qui amènent les illusions de l’existence d’un mental et d’un individu, l’aspirant doit avoir une foi inébranlable dans la connaissance sacrée de l’Advaita Vedanta. La connaissance véritable signifie posséder un regard d’égalité pour tous et sur tout.
Ramana Maharshi enseigne que le Soi est pur être, une pure présence, ou pure conscience subjective de " Je suis " entièrement dénuée des sentiments " Je suis ceci " ou " Je suis cela ". Il n’y a ni sujets ni objets dans le Soi ; il n’y a que conscience d’être. C’est parce que cette pure présence, ou pure conscience, est consciente qu’on l’appelle aussi " conscience ". D’après Shri Ramana, l’expérience directe de cette conscience est un état de bonheur ininterrompu et c’est pourquoi on utilise le terme " félicité " pour la décrire. Ces trois aspects – être, conscience et félicité – sont vécus en tant qu’un tout unitaire et non pas en tant qu’attributs séparés du Soi. Ils sont indissociables de la même manière que l’humidité, la transparence et la liquidité sont des propriétés indissociables de l’eau.

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